Les banques dirigées par Bank of America Corp, Credit Suisse Group AG et Goldman Sachs Group Inc ont accepté en janvier de fournir 15 milliards de dollars de dette à haut risque aux sociétés d'investissement Vista Equity Partners et Elliott Investment Management LP pour l'acquisition de Citrix.

Comme pour toutes les transactions de ce type, les banques syndiquent la dette aux investisseurs pour la sortir de leurs livres et recycler leur capital. Mais le marché s'est retourné après la signature de l'accord, car l'inflation galopante a conduit les banques centrales à augmenter les taux d'intérêt.

La dette de Citrix est alors apparue trop bon marché aux yeux des investisseurs, ce qui a forcé les banques à la décoter lors de la syndication. L'opération est devenue un test clé pour les banques qui sont appelées à financer de grands rachats par emprunt. Beaucoup attendent le résultat de la syndication de Citrix avant de prendre de nouveaux engagements en matière de dette.

Les banques ne syndiquent actuellement qu'une partie des 15 milliards de dollars de dettes de Citrix, afin d'évaluer la demande des investisseurs. Elles commercialisent un prêt à terme de 4,05 milliards de dollars avec un taux d'intérêt annuel de 450 points de base au-dessus de l'indice de référence SOFR, ont indiqué les sources. Leurs carnets de commandes pour ce prêt ont été sursouscrits, ont ajouté les sources.

Les banques ont escompté le prêt à 92 cents sur le dollar, ce qui entraînerait pour elles une perte collective de centaines de millions de dollars, ont ajouté les sources. Mais la forte demande, probablement alimentée par l'optimisme des investisseurs quant à la stabilisation du marché de la dette de pacotille, pourrait amener les banques à se débarrasser de la dette avec une plus petite décote ou à en vendre plus qu'elles ne l'avaient initialement prévu afin d'en avoir moins à vendre par la suite, selon les sources.

Il est également possible que les banques procèdent à la vente de la dette telle qu'elle a été initialement commercialisée aux investisseurs, ont déclaré les sources, requérant l'anonymat car l'affaire est confidentielle. Bank of America, Credit Suisse et Goldman Sachs ont refusé de commenter.

Les investisseurs ont jusqu'au 19 septembre pour s'engager dans le prêt Citrix.

Les banques ont encore d'autres dettes Citrix dans leurs livres qu'elles cherchent à céder aux investisseurs. Il s'agit d'un euro-prêt d'une valeur équivalente à 500 millions de dollars, ainsi que d'une tranche bancaire de 3,5 milliards de dollars et d'un prêt à terme de second rang de 3,95 milliards de dollars. Les banques prévoient également de vendre quelque 3 milliards de dollars d'obligations Citrix aux investisseurs la semaine prochaine.

La plupart des banques ont conservé dans leurs livres des dettes de rachat par emprunt jusqu'à ce que le marché s'améliore. Seule une poignée de prêts ont été syndiqués cette année à un rabais important. Cela inclut le prêt à terme de 595 millions de dollars du fabricant de médicaments Covis Pharma qui a été vendu en février à 90 cents par dollar.

Les craintes du marché de la dette poubelle ont pesé sur la capacité des sociétés de capital-investissement à conclure de nouvelles acquisitions. Un exemple en est NCR Corp, un fabricant de caisses enregistreuses et de guichets automatiques dont la capitalisation boursière s'élève à 4,3 milliards de dollars et avec lequel la société de rachat Veritas Capital a eu du mal à négocier un accord, en partie à cause de la difficulté à obtenir suffisamment de dettes pour une acquisition, selon des personnes connaissant bien le dossier.