FRANCFORT/LONDRES/MADRID (dpa-AFX) - Les bons résultats du secteur bancaire européen ont fait passer au second plan la récente crise des banques régionales américaines de ce côté de l'Atlantique. L'indice sectoriel Stoxx 600 Europa Banks a progressé de 0,68% à 150,71 points à la mi-journée, se plaçant ainsi en haut du tableau sectoriel.

En Allemagne, l'attention s'est portée sur la Deutsche Bank. Après des débuts difficiles, ses actions ont gagné 2 % à 9,74 euros, ce qui en fait l'une des meilleures valeurs du Dax. L'indice directeur allemand a progressé modérément. La Deutsche Bank a commencé l'année avec un bénéfice d'un milliard d'euros, ce qui est mieux que prévu. L'établissement financier a enregistré son meilleur résultat trimestriel depuis 2013.

Les analystes se sont pour la plupart montrés confiants. L'expert Chris Hallam de la banque d'investissement américaine Goldman Sachs a par exemple souligné que la Deutsche Bank avait affiché des revenus plus élevés que prévu et avait également surpris positivement en termes de ratio coûts/revenus. Il a également salué le rendement des capitaux propres, meilleur que prévu. L'expert Andreas Pläsier, de la société d'analyse Warburg Research, a ajouté que le ratio de fonds propres de base était solide et s'était encore amélioré.

Les gains les plus importants du secteur ont été enregistrés par les actions de Barclays, qui ont augmenté de 4,5 %. Ils ont ainsi pris la tête de l'indice phare britannique FTSE 100, qui a légèrement reculé.

Grâce à la hausse des taux d'intérêt, la grande banque Barclays a pu plus qu'amortir les conséquences de l'affaiblissement de l'économie. La banque britannique a certes dû augmenter sensiblement la prévoyance pour les pertes de crédit. Les revenus et les bénéfices ont toutefois été légèrement meilleurs que prévu par les analystes. Les experts de Jefferies estiment qu'il est désormais possible de relever les attentes du marché.

La grande banque espagnole BBVA a également apporté de bonnes nouvelles pour le secteur : la hausse des taux d'intérêt a continué à stimuler fortement son activité. Le bénéfice a nettement augmenté par rapport à l'année précédente, malgré la hausse des coûts et l'impôt sur les bénéfices pour les banques espagnoles. L'établissement, qui réalise la majeure partie de ses bénéfices au Mexique, a ainsi dépassé les attentes des experts, comme cela a souvent été le cas récemment. Les actions de BBVA ont gagné près de 3 %.

L'analyste Sofie Peterzens de la banque américaine JPMorgan a écrit que l'augmentation du ratio de fonds propres durs était le point fort du rapport trimestriel. Toutefois, il est probable que des questions se posent quant à la stabilité, car une partie de l'évolution est due à l'activité en Turquie. Le pays souffre d'une forte inflation et donc d'une crise économique générale.

Malgré les bonnes nouvelles de jeudi, l'indice bancaire européen est toujours un peu à la traîne par rapport au marché global depuis le début de l'année. Il affiche actuellement une hausse d'un peu plus de 7%, alors que l'indice global Stoxx Europe 600 a gagné plus de 9% sur la même période.

Les tremblements de terre qui ont frappé les banques américaines et suisses en mars ont eu un impact considérable sur le secteur bancaire européen. La liquidation du groupe financier américain Silvergate Capital, spécialisé dans le secteur de la cryptographie, a été l'élément déclencheur. Quelques jours plus tard, l'établissement financier américain Silicon Valley Bank (SVB), spécialisé dans le financement des start-ups, a été placé sous le contrôle de l'organisme américain de garantie des dépôts (FDIC) et fermé. D'autres petites banques ont été prises dans la tourmente, la dernière en date étant la First Republic Bank.

En Europe, le Credit Suisse a plongé dans la crise après de nombreux scandales, des critiques sur sa mauvaise gestion des risques et des sorties de fonds de plusieurs centaines de milliards. Afin d'éviter une conflagration et une crise financière mondiale, le gouvernement et les autorités de surveillance ont poussé sa concurrente UBS à la racheter.

L'annonce des premiers problèmes de la banque de la Silicon Valley avait provoqué une chute des cours sur l'ensemble du marché européen le 10 mars. Mais si le Stoxx Europe 600 a depuis récupéré ses pertes, l'indice bancaire est toujours dans le rouge. Il affiche actuellement une baisse de 9% /la/zb/mis.