Dans la droite lignée de Airbnb, Uber ou d'autres entreprises-phares de la nouvelle économie, DoorDash envoie au marché un signal fort quant à la soutenabilité de son modèle d'affaires. Cela étant dit, même si elle reste bien ancrée dans un territoire à deux chiffres, la croissance ralentit imperturbablement sur les cinq précédents trimestre. 

Au dernier trimestre de l'année 2022, la valeur totale des transactions opérées sur la place de marché de DoorDash progressait de 29%, et le chiffre d'affaires de 40%. Au dernier trimestre de l'année 2023, la progression de la première est de 22%, et la croissance du second de 27%.

La base de comparaison est certes exigeante, puisque à la fin de l'année 2022 DoorDash achevait de digérer le finlandais Wolt dans la méga-transaction à $7 milliards réalisée quelques mois plus tôt, tandis que le premier semestre avait vu les commandes bénéficier de la pandémie et des confinements.

L'entreprise de San Francisco indique aussi que son EBITDA "ajusté" — des rémunérations en stock-options principalement — double sur la période, mais les lecteurs de Zonebourse savent comme nous préférons nous reposer sur des chiffres concrets et non-manipulés pour évaluer la performance financière réelle. 

A ce titre, ce qu'on observe, ce sont des comptes qui restent dans le rouge avec une perte d'exploitation de $579 millions. Il y a cependant du mieux, puisque ladite perte d'exploitation a été réduite de moitié en douze mois. 

Le nombre d'actions progresse de 6% sur la période, sous l'effet bien sûr des traditionnelles mais prohibitives rémunérations en stock-options. Ces dernières atteignent $1.1 milliard sur l'année, qu'il faut aussi mettre en perspective avec les $750 millions dépensés en rachats d'actions pour atténuer la dilution. 

Comme nous l'écrivions il y a quelques jours dans notre commentaire des résultats de Snapchat, ces opérations consistent à limiter la dilution des actionnaires plutôt qu'à leur retourner du capital ; il ne serait donc pas insensé de plutôt les désigner comme une charge d'exploitation.

A l'instar de quasiment toutes les grandes entreprises technologiques américaines, si ces excès dans la rémunération des employés cessaient, DoorDash atteindrait immédiatement un niveau de profitabilité satisfaisant. Mais en l'état des choses, tant que la croissance est au rendez-vous, les actionnaires acceptent sans broncher de laisser les employés capter l'essentiel de la création de valeur.