Londres (awp/afp) - Environ 600'000 personnes ont perdu un emploi salarié au Royaume-Uni d'après un indicateur avancé pour mai comparé à mars à cause de la pandémie de coronavirus, tandis que les offres d'emploi n'ont jamais été aussi faibles, a indiqué mardi le Bureau national des statistiques.

En revanche le taux de chômage pour les trois mois terminés à fin avril s'élève à 3,9%, inchangé par rapport au trimestre précédent et comparé à 3,8% un an plus tôt: il ne comprend notamment pas les personnes placées en chômage partiel grâce aux aides gouvernementales au maintien de l'emploi.

"Le chiffre du chômage ne capture pas l'ampleur du ralentissement", relève la maison de recherche Capital Economics.

Ce nombre d'employés au chômage partiel et qui n'ont donc techniquement pas perdu leur emploi s'est envolé de plus de 6 millions de personnes entre fin mars et avril souligne l'ONS. Ce chiffre est monté depuis à 8,9 millions d'après les derniers chiffres du Trésor britannique. Ce dispositif sera maintenu sous forme dégressive jusqu'à fin octobre.

Ce chiffre est monté depuis à 9,1 millions d'après des chiffres publiés mardi par le Trésor britannique, pour un coût à ce jour de 20,8 milliards de livres pour les finances publiques. Ce dispositif sera maintenu sous forme dégressive jusqu'à fin octobre.

Plus de 2,8 millions de personnes (chômeurs ou faibles revenus) s'étaient inscrites pour bénéficier d'indemnités à fin mai. Un chiffre qui témoigne d'une envolée de la pauvreté et de la précarité.

Le nombre d'emplois disponibles pourrait encore continuer à se réduire, ajoute l'ONS dans un communiqué, soulignant que "le ralentissement de l'économie frappe à présent visiblement le marché du travail, en particulier en termes d'heures travaillées" (-8,9% sur un an).

"Coup brutal"

"Les personnes au chômage partiel n'apparaissent pas dans les statistiques de l'emploi ce qui fait que le taux de chômage britannique reste à des records de faiblesse en plusieurs décennies alors que l'économie britannique s'est contractée de 20,4% en avril, sa pire contraction en 300 ans", a commenté Fiona Cincotta, analyste de Gain Capital, interrogée par l'AFP.

Les aides gouvernementales au maintien de l'emploi "retardent donc le coup brutal qui va frapper le marché du travail quand ce mécanisme sera interrompu (fin octobre), et dès août quand les entreprises devront y contribuer".

Le gouvernement britannique prend en charge depuis début mars 80% du montant des salaires, jusqu'à 2500 livres mensuelles, et a prolongé ce mécanisme jusqu'en octobre.

Mais compte tenu du coût de cette mesure, les entreprises seront appelées à mettre la main au porte-feuille à partir d'août: elles devront alors financer les charges sociales, qui représentent quelque 5% du montant des salaires pris en charge par le gouvernement.

A partir de septembre, elles devront s'acquitter de 10% des salaires et en octobre de 20%, les pouvoirs publics continuant à payer 70% puis 60% des salaires à hauteur de 2500 livres jusqu'à la fin de ce programme le 31 octobre.

Les employeurs avaient en outre jusqu'au 10 juin pour demander à bénéficier de ces aides au maintien de l'emploi.

Une étude de l'organisation patronale IoD avertissait toutefois fin mai que de nombreuses entreprises au Royaume-Uni étaient trop fragiles pour pouvoir contribuer au financement du chômage partiel.

Dans un rapport lundi, la Commission parlementaire des Finances britannique a appelé le gouvernement du conservateur Boris Johnson à faire plus pour aider les "millions" de personnes "qui ont perdu leurs moyens de subsistance" à cause du confinement.

afp/buc