Zurich (awp) - Le groupe de produits de luxe Lalique a bouclé le premier semestre 2023 de justesse en territoire positif, malgré des revenus en hausse. L'entreprise zurichoise explique la forte détérioration de la rentabilité par l'explosion des coûts, en particulier de l'énergie.

Le chiffre d'affaires généré pendant la période sous revue a progressé de 5,4% sur un an, à 87,7 millions d'euros, à la faveur notamment des activités de parfumerie, de la marque de protection solaire Ultrasun et de la distillerie de whisky The Glenturret.

Dans son communiqué, Lalique Group signale mercredi que les "conditions de marché et de production se sont globalement dégradées", citant notamment la flambée des coûts de l'énergie - qui ont triplé par rapport à l'année précédente - et les difficultés récurrentes sur les chaînes d'approvisionnement. A cela s'ajoutent des augmentations salariales liées à l'inflation, qui ont porté les charges de personnel à 22 millions d'euros (+13%).

L'excédent d'exploitation (Ebit) a ainsi fondu de plus de deux tiers à 2,5 millions d'euros, pour une marge correspondante de 2,5%, à comparer aux 8,0% dégagés au premier semestre 2022. Le résultat net consolidé du groupe est ressorti à 0,6 million, après 4,6 millions.

La performance semestrielle de Lalique s'est avérée inférieure à tous les niveaux aux projections les plus conservatrices des analystes sondés par AWP.

Objectifs rabotés

Pour l'ensemble de l'année, l'entreprise vise désormais une croissance du chiffre d'affaires "se rapprochant du seuil de 10%", contre 10-14% précédemment, ainsi qu'une rentabilité opérationnelle supérieure à celle de la première moitié de l'exercice, mais inférieure à celle de l'année précédente.

L'ambition stratégique de porter la marge Ebit dans une fourchette de 9 à 11% reste d'actualité, mais en raison des tendances inflationnistes, elle a été reportée d'une année à 2026.

En téléconférence, le directeur général (CEO) Roger von der Weid a dit s'attendre à une deuxième moitié d'exercice "nettement plus robuste" grâce notamment à des hausses de prix, qui devraient permettre de redresser la rentabilité, même si les 6,8% de marge Ebit ajustée dégagés en 2022 sont de son propre aveu hors de portée.

La base de coûts devrait se maintenir à un niveau élevé pour le reste de l'année. Des contrats d'approvisionnement énergétique conclus pour 2024 et 2025 devraient en revanche permettre de réduire considérablement la facture énergétique, a fait valoir le directeur financier (CFO) Alexis Rubinstein. Pour l'heure aucune mesure n'est prévue pour réduire les charges de personnel, a-t-il poursuivi.

Diversification à l'honneur

La direction de Lalique mise sur son modèle d'affaires diversifié pour atteindre ses objectifs stratégiques, même avec une année de retard, y compris moyennant des acquisitions "si une opportunité se présente", a déclaré le CEO.

Glenturret devrait profiter du lancement en automne de sa nouvelle marque de gin baptisée Aberturret, et contribuer positivement à l'Ebit annuel, après un résultat négatif de 0,9 million d'euros à mi-parcours. Pour Ultrasun, le groupe s'efforce actuellement de rattraper le recul en Chine et espère pouvoir commercialiser sa crème solaire aux Etats-Unis au cours de la seconde moitié de 2024.

Lalique a vécu un semestre compliqué, résume Vontobel dans une note. La banque de gestion zurichoise met en question le bien-fondé du maintien de la marque Ultrasun, dont la rentabilité reste nettement en deçà du niveau pré-Covid, malgré une reprise vigoureuse.

Cela n'a apparemment pas refroidi les investisseurs. Après une entame de séance difficile et un passage en territoire négatif dans la matinée, la nominative Lalique a redressé la barre, s'enrobant à 13h40 de 1,1% à 36,40 francs suisses, à contre-courant d'un SPI en repli de 0,60%.

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