On le sait, le football européen tient une place particulière dans les cœurs des amateurs du ballon rond. Et sur le Vieux Continent, le foot britannique, réputé plus spectaculaire, plus rapide et plus technique que celui de ses voisins, est encore plus glorifié (et bankable) que les autres. Les grands clubs anglais, Manchester United, Liverpool, Arsenal et Chelsea, pour ne citer qu’eux, ont étendu leur influence au-delà des arènes, pour devenir de véritables marques, populaires et extrêmement lucratives. Soit. Pour autant, ces maisons méritent-elles les valorisations démentielles qu’on leur attribue ? 

C’est la question qu’a posée le Financial Times en début de semaine, se concentrant sur le cas de Manchester United, le club le plus titré du championnat anglais depuis 1888. La famille Glazer, propriétaire de la société, a annoncé sa mise en vente fin 2022, pour un prix cible estimé entre 6 à 7 milliards de dollars (en dollars, car l’entité est cotée aux Etats-Unis). Actuellement doté d’une valeur d’entreprise de 4,5 milliards de dollars fondée sur son cours de bourse, le club en vaudrait en fait, s’il était valorisé comme une entreprise classique, environ 1,6 milliards de dollars. 

Bien sûr, les clubs de foot ne sont pas des entreprises classiques. Comme l’expliquait si bien mon rédacteur en chef Anthony Bondain dans son édito du jour : leur valorisation dépend de critères extra-financiers, tels que l’histoire du club, sa rareté, le volume et la fidélité de ses supporters, etc. Et comme l’explique aussi bien le quotidien financier britannique, le club peut également compter sur des sources de revenus externes, comme les jetons non fongibles et les paris sportifs. Soit. Mais tout de même, il semble que les arguments du FT aient fait mouche, puisque le cours de bourse de MU cédait 10% dans la foulée.

Avant Manchester, le club londonien Chelsea s’est vendu en mai 2022 pour 4.25 milliards de livres (5.07 milliards de dollars). La somme la plus importante, à l’époque, jamais dépensée pour une institution sportive. En novembre 2022, le groupe FSG (Fenway Sports Group) aurait mis Liverpool en vente, dans l’espoir d’en obtenir 4.45 milliards de dollars, avant de faire marche arrière. Enfin, le mois dernier, c’était au tour de Tottenham de faire l’objet de rumeurs de vente, pour la modique somme de 3,75 milliards de dollars. 

Avant les clubs, un autre type de valorisation défrayait régulièrement les chroniques : celle des joueurs. Je ne reviendrai pas ici sur les plus gros transferts du mercato, mais je m’offre ici un pont vers la suite : car en 2023, c’est bien la valorisation des dirigeants qui pose question. Quittons “Perfide Albion” pour revenir en terres hexagonales. 

En début de semaine, nous apprenions le départ du président de la FFF Noël Le Graët sur fond d’affaires peu réjouissantes. Naïfs comme nous sommes, nous n'avions pas immédiatement perçu la valeur marchande de l’intéressé. Fort heureusement, la FIFA nous a renseigné sur ce point : au mercato des dirigeants, NLG vaut encore son pesant d’or, puisqu’il a récupéré la direction du bureau de Paris de l’instance, pour, selon des rumeurs non confirmées, pas moins de 20 000 euros par mois (ce que l’intéressé dément). Mais en attendant confirmation ou infirmation, cette nomination lui valait bien une place dans notre dessin des valorisations footballistiques exotiques.

Dessin d'Amandine Victor pour Zonebourse