Pékin (awp/afp) - La Chine devrait annoncer lundi un léger rebond de sa croissance au premier trimestre, en dépit d'un confinement de Shanghai et de plusieurs régions, qui pénalise lourdement l'activité sur fond de flambée épidémique du Covid-19.

Un groupe de 12 experts interrogés par l'AFP table en moyenne sur une hausse de 4,3% sur un an du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale, sur la période janvier-mars.

Le PIB de la Chine avait progressé de 4% sur un an au trimestre précédent.

La situation actuelle contraste toutefois fortement avec celle de l'année dernière: la Chine avait alors vu sa croissance bondir de 18,3% au premier trimestre, du fait d'un effet de rattrapage avec 2020, quand le Covid-19 avait quasiment mis à l'arrêt l'économie.

Le pays s'était ensuite largement remis du choc initial de la pandémie et avait annoncé pour l'ensemble de l'année 2021 un PIB en hausse de 8,1%.

Début 2022, "l'économie chinoise a connu un bon départ", estime l'analyste Gene Ma, de l'Institut de la finance internationale (IIF), notant une reprise de la demande en Chine, des exportations robustes et un meilleur approvisionnement énergétique, après des pénuries d'électricité à l'automne.

Mais en mars, une flambée de la souche Omicron suivie de strictes mesures sanitaires pour l'enrayer ont "gravement perturbé les chaînes d'approvisionnement et l'activité industrielle", souligne M. Ma.

Le mois dernier, plusieurs dizaines de millions de Chinois ont été confinés dans la métropole technologique de Shenzhen (sud), et le sont toujours dans le nord-est du pays, berceau de l'industrie automobile.

Une "leçon"

Face à sa pire flambée épidémique de toute la pandémie, le géant asiatique a également confiné les 25 millions d'habitants de Shanghai, sa capitale économique.

"L'impact du confinement (sur l'économie) se fera sentir à partir d'avril" qui a marqué un summum pour les restrictions, prévient l'analyste Tommy Xie, de la banque OCBC, basée à Singapour.

À contre-courant de bon nombre de pays qui optent pour une cohabitation avec le virus et lèvent les restrictions, la Chine continue à suivre une politique zéro Covid.

Cette stratégie, qui a permis au pays de retrouver une vie quasi normale après le premier choc épidémique en 2020, pèse lourdement sur l'économie en raison notamment des confinements.

Dans une note, les analystes de la banque Nomura estimaient cette semaine que plus d'un quart de la population chinoise subissait une forme de confinement, à des degrés divers.

Les zones concernées représentent 40% du PIB du pays, selon leurs calculs.

Au début de la flambée épidémique, Shanghai avait refusé un confinement pour préserver son économie. Mais les contaminations se sont ensuite multipliées.

Cette expérience malheureuse risque de servir de "leçon" aux autres villes et d'entraîner des mesures préventives plus strictes, subodore M. Xie.

"Racine du problème"

Avant même ces confinements, le géant asiatique se préparait à un ralentissement de sa croissance, arguant de "risques" plus nombreux en raison des incertitudes mondiales liées au Covid-19 et à la guerre en Ukraine.

Pékin s'est fixé comme objectif une hausse du PIB "d'environ 5,5%" cette année, ce qui serait pour la Chine son rythme de croissance le plus faible depuis le début des années 1990, hors période Covid.

Des économistes doutent désormais que le pays parviendra à atteindre son objectif.

À lui seul, le confinement de Shanghai devrait faire perdre 2% de PIB à la Chine en avril, juge l'économiste Iris Pang, de la banque ING.

Vendredi, la banque centrale chinoise a annoncé une baisse de 0,25 point du taux de réserve obligatoire des banques.

La mesure, qui sera effective au 25 avril, doit permettre d'injecter dans l'économie 530 milliards de yuans (77 milliards d'euros), a précisé dans un communiqué l'institut d'émission.

L'ajout de liquidités "peut aider à la marge" l'économie, mais "ne s'attaque pas à la racine du problème", signale l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

Car "le principal défi [...] est le variant Omicron, et les confinements qui restreignent la mobilité", estime M. Zhang.

L'économie est également fragilisée par une crise dans l'immobilier avec les déboires du promoteur Evergrande, au bord de la faillite, qui grippe tout un secteur auparavant moteur.

afp/rp