Ambitieuse, sa stratégie d’augmentation des prix couplée à une réduction des budgets publicitaires a permis de préserver les marges et d’assurer une performance de croissance organique qui a surpris l’ensemble des analystes ; sur les huit derniers trimestres, cette dernière atteint une moyenne de 5%.

P&G, qui publiait vendredi dernier d’excellents résultats trimestriels, avec entre autres une hausse du profit par action de 4.8% par rapport à l’an passé à la même époque, a donc parfaitement bien négocié son « turnaround » initié il y a six ans. Après une décennie d’érosion, sa rentabilité est revenue depuis 2021 à un niveau très satisfaisant. 

Le groupe n’avait pas le droit à l’erreur, notamment parce qu’il a adopté une politique de retour de capital aux actionnaires très agressive. Ces trois dernières années, il leur a ainsi retourné $54 milliards — $28 milliards en rachats d’actions et $26 milliards en dividendes — alors que la somme de ses profits réalisés atteignait $43 milliards sur la période.

La hausse de l’endettement consécutive à cette gestion a été parfaitement bien absorbée par les hausses de prix et le contrôle des coûts. La dette nette représente un multiple d’un peu plus d’une fois le profit d’exploitation avant amortissements, ou EBITDA, soit beaucoup moins que chez des comparables comme Unilever, Nestlé ou Reckitt.

En parlant d’EBITDA, on observe non sans déplaisir que P&G n’utilise pas cet indicateur qui se prête ailleurs à tellement d’abus et de représentations trompeuses. Du reste, le groupe basé dans l’Ohio entend désormais lever le pied sur les retours de capital aux actionnaires ; ces derniers ne devraient pas dépasser $15 milliards en 2024.

Cela n’a pas l’air de chiffonner le marché, puisque au cours de $158 par action la capitalisation boursière continue d’évoluer à vingt-cinq fois ce montant. Après un relatif désamour des investisseurs, P&G retrouve donc sa valorisation de "blue chip".