(Actualisation: commentaires d'analystes, déclarations de Luca de Meo, le directeur général de Renault, au sujet de l'évolution de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Renault lance sa "Révolution". Le groupe français a dévoilé mardi la troisième phase de son plan stratégique "Renaulution", présenté en janvier 2021, qui doit lui permettre de devenir un constructeur automobile de "prochaine génération" et d'atteindre une marge opérationnelle supérieure à 10% en 2030.

"Jusqu'à présent, les constructeurs automobiles évoluaient dans un environnement caractérisé par une technologie de moteurs à combustion thermique mature et des attentes stables des clients", a expliqué Renault dans un communiqué. "Les transformations en cours qui remodèlent l'industrie automobile entraînent l'émergence de nouvelles chaînes de valeur : véhicules électriques, software - logiciels -, nouveaux services de mobilité et économie circulaire", a ajouté le groupe piloté par Luca de Meo.

Dans ce contexte, Renault a mis en place une nouvelle organisation en créant cinq divisions caractérisées par des équipes, des technologies, des organes de gouvernance et des comptes de résultat dédiés : Ampere, Power, Alpine, Mobilize et The Future Is NEUTRAL.

En dépit des ambitions affichées par le groupe, les analystes restent sur leur faim et l'action Renault perd 2,6% à 30,83 euros mercredi après-midi. Oddo BHF salue de "prometteuses" annonces, mais souligne que celles-ci ressortent dans l'ensemble en ligne avec ses attentes. Même son de cloche chez Stifel, pour qui Renault a fait état de perspectives conformes à ses prévisions.

Vers une introduction en Bourse d'Ampere

Selon la nouvelle organisation de Renault, Ampere regroupera les activités liées aux véhicules électriques et aux logiciels de Renault. Le constructeur automobile envisage d'ouvrir le capital de cette structure à de potentiels investisseurs stratégiques par le biais d'une introduction en Bourse sur Euronext Paris, qui serait réalisée au plus tôt au second semestre de 2023. Renault compte toutefois conserver le contrôle d'Ampere.

Power réunira le coeur de métier du constructeur automobile en continuant à développer des véhicules thermiques et hybrides à faibles émissions sous les marques Renault, Dacia et Renault LCV (véhicules utilitaires légers). Cette division sera renforcée par le projet "Horse", préparant la création d'une coentreprise qui sera détenue à parité par Renault et le constructeur automobile chinois Geely. Cette coentreprise prendrait la forme d'un équipementier automobile réalisant un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros dès sa constitution, grâce à un outil industriel composé de 17 usines. Renault déconsoliderait cette activité de son périmètre et de ses états financiers à compter du second semestre de l'année prochaine.

Alpine deviendra une marque exclusive, zéro-émission et porte-étendard du groupe dans le sport automobile. La division Mobilize adressera le marché des nouvelles mobilités, de l'énergie et des services de données, tandis que The Future Is NEUTRAL sera l'entité dédiée à l'économie circulaire du constructeur.

Le dividende fera son retour en 2023

Grâce à cette nouvelle organisation, Renault est en mesure de viser une marge opérationnelle supérieure à 8% en 2025, puis dépassant 10% en 2030. Le groupe au losange prévoit également un flux de trésorerie disponible de plus de 2 milliards d'euros par an en moyenne entre 2023 et 2025, puis excédant 3 milliards d'euros par an en moyenne entre 2026 et 2030.

En outre, le constructeur automobile ambitionne d'atteindre un rendement des capitaux utilisés supérieur à 30% dès 2025. Entre 2022 et 2030, ses dépenses d'investissement et de recherche & développement ne devraient pas excéder 8% du chiffre d'affaires.

Pour l'exercice 2022, le groupe a confirmé ses objectifs d'un taux de marge opérationnelle supérieur à 5% et d'un flux de trésorerie opérationnel de l'automobile de plus de 1,5 milliard d'euros.

Confiants dans l'avenir, les dirigeants de Renault prévoient de rétablir le paiement d'un dividende dès l'année prochaine, au titre de l'exercice 2022. "Le taux de distribution augmentera progressivement et de façon disciplinée jusqu'à 35% du résultat net part du groupe, à moyen terme", a précisé l'entreprise. Pour ce faire, le groupe devra atteindre sa priorité "qui est de revenir à une notation financière 'investment grade'", c'est-à-dire de 'catégorie investissement', a complété l'industriel.

Renault n'a plus versé de dividende depuis 2019, au titre de l'exercice 2018. Son montant s'élevait à 3,55 euros par titre.

"Ambitieux", les nouveaux objectifs financiers établis par Renault n'en soulèvent pas moins "davantage de questions", selon RBC Capital Markets. "Dans quelle mesure Ampere est indépendant de Power, sachant que ces deux divisions partagent certaines opérations ?", questionne l'intermédiaire financier.

"Nous pouvons nous demander si Renault n'essaie pas tout simplement d'attribuer un multiple de valorisation à une activité - Ampere - qui n'est pas vraiment séparable" du reste de ses opérations, suggère l'intermédiaire financier. RBC Capital Markets peine également à comprendre comment Ampere pourra atteindre le seuil de rentabilité en 2025, dans un contexte d'inflation des coûts des batteries.

Du neuf sur l'Alliance "dans les prochaines semaines"

Par ailleurs, "le marché peut être déçu de l'absence d'annonces concernant l'évolution promise de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et par la présentation de perspectives proches des attentes du consensus", commente un analyste basé à Paris.

A l'occasion du "Capital Market Day" organisé mardi, Renault a indiqué poursuivre les discussions avec ses partenaires japonais Nissan et Mitsubishi, dans l'espoir d'assurer un "avenir solide" à leur alliance.

Les membres de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi annonceront le résultat de ces discussions "dans les prochaines semaines", a indiqué le directeur général du constructeur français, Luca de Meo. "Ces derniers mois nous avons travaillé avec Nissan et Mitsubishi sur un grand nombre de projets afin de redynamiser l'alliance. Ces discussions se déroulent dans un esprit constructif", a souligné le dirigeant.

Il y a un mois, Renault et Nissan avaient annoncé discuter de nouvelles initiatives destinées à renforcer "la coopération et l'avenir" de leur alliance, vieille plus de deux décennies. Les partenaires avaient alors indiqué étudier un ensemble d'initiatives stratégiques communes à travers les marchés, les produits et les technologies, tout en discutant d'améliorations structurelles vouées à assurer la durabilité des opérations et de la gouvernance de l'Alliance.

Renault et Nissan espéraient pouvoir conclure un accord préliminaire non contraignant à la fin octobre, mais plusieurs points de friction ont retardé la conclusion d'un tel accord. Les deux partenaires ont prévu d'examiner et de voter leur accord à la mi-novembre, lors d'une rencontre entre les dirigeants des deux constructeurs automobiles au Japon, ont indiqué la semaine dernière des personnes proches du dossier au Wall Street Journal. D'ici là, Renault va s'efforcer de convaincre Nissan et Mitsubishi de soutenir son plan "Renaulution" en investissant dans Ampere.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV

(François Schott a contribué à cet article)

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November 08, 2022 09:39 ET (14:39 GMT)