Paris (awp/afp) - Deux ans après le début de la pandémie, les laboratoires pharmaceutiques et les groupes de diagnostic médical ont continué de bénéficier de la demande accrue pour les produits liés au Covid, mais la tendance pourrait s'atténuer dans les mois à venir.

Dernier en date à publier ses résultats financiers pour 2021, le groupe français de diagnostic bioMérieux a affiché mercredi des ventes en nette progression. La société, qui propose des panels respiratoires de dépistage du Covid, a ainsi engrangé l'an dernier près de 3,4 milliards d'euros de revenus, une hausse de plus de 8%, alors même qu'il avait déjà vu son chiffre d'affaires progresser fortement un an auparavant.

Un autre leader du diagnostic, Eurofins, a aussi fini 2021 fort de très bons résultats, avec un bond du bénéfice net de 45%. Sur ses 6,7 milliards d'euros de ventes annuelles, 1,4 milliard proviennent de produits liés au Covid.

Côté suisse, le géant Roche a lui aussi engrangé les recettes pour ses tests de dépistage du Covid, lesquels lui ont rapporté en 2021 la bagatelle de 4,7 milliards de francs suisses.

Les producteurs de vaccins et de traitements ont, eux, connu une trajectoire stratosphérique l'an dernier. L'américain Pfizer a ainsi dévoilé le mois dernier qu'il avait vendu pour quasiment 37 milliards de dollars de son vaccin anti-Covid développé avec la biotech allemande BioNTech.

Pour la biotech américaine Moderna, qui jusqu'au Covid n'avait jamais mis aucun produit sur le marché, c'est même un changement de paradigme: elle a dégagé l'an dernier un chiffre d'affaires de 18,5 milliards de dollars, dont 17,7 milliards liés à la vente de centaines de millions de doses de son vaccin contre le Covid.

Quant à la biotech Novavax, qui a mis au point un vaccin sans ARN messager, les ventes ont dépassé le milliard de dollars l'an dernier, contre... moins de 19 millions en 2019.

Prudence

Mais cette manne est-elle là pour durer? Si la survenue de nouveaux variants en 2021 a compliqué la situation sanitaire, une potentielle sortie de pandémie semble désormais atteignable.

Cela ne signifie pas pour autant la fin de la croissance. En 2022, Moderna prévoit de vendre au moins 19 milliards de dollars de vaccins anti-Covid, contre 32 milliards de dollars pour Pfizer, juste pour les vaccins. Le mastodonte anticipe également de retirer 22 milliards de dollars pour sa pilule destinée à traiter le virus. Merck, autre américain, table lui sur une hausse de revenus allant jusqu'à 18% sur cette période, grâce à son traitement contre le Covid, le molnupiravir.

Toutefois, la folle expansion de 2021 semble s'éloigner. Déjà, car une part croissante de l'humanité est maintenant vaccinée. D'autre part, car de nouveaux acteurs entrent en jeu. Au Canada, un vaccin développé par le britannique GSK et la biotech canadienne Medicago vient tout juste d'être approuvé, tandis que la franco-autrichienne Valneva a vu son sérum autorisé par le royaume du Bahreïn.

Un gâteau plus petit, avec plus d'acteurs pour le partager: le directeur financier de Pfizer a prévenu que les prévisions de ventes pour le vaccin ne devraient pas augmenter significativement au fur et à mesure de l'année.

Mais c'est surtout dans le secteur du diagnostic que 2022 peut changer la tendance, alors que les politiques de test massif sont remises en question notamment en France, pays qui ne rembourse plus systématiquement les tests depuis le mois d'octobre.

Prudent, Eurofins a ainsi indiqué que ses produits liés au Covid rapporteraient seulement 300 millions en 2022, avant de totalement s'atténuer en 2023 et 2024.

De son côté, bioMérieux annonce ce mercredi tabler sur des ventes en recul entre -7 et -3% pour 2022, en raison d'une diminution de la demande liée au Covid.

Une prudence qui se retrouve également en Bourse. Mercredi matin à la Bourse de Paris, l'action de bioMérieux chutait ainsi de plus de 12%. Plus globalement, sur leurs marchés respectifs, les actions de la majeure partie des acteurs de la pandémie sont désormais très loin de leurs plus hauts niveaux de l'an dernier.

afp/jh