Il y a vingt-cinq ans, lors de la première bulle technologique dite des “dot com”, les géants de la technologie étaient valorisés à de fantasmatiques multiples de plusieurs centaines de fois leurs profits — mais au moins en réalisaient-ils.

Le climat d’aujourd’hui est différent, et pas une semaine ne s’écoule sans que les analystes et les chroniqueurs de Zonebourse ne s’en étonnent. Nouvel exemple avec Snowflake donc, entreprise au sujet de laquelle nous avions déjà exprimé de très vives réserves l’année dernière

Sans revenir sur la valorisation surchauffée ou les anticipations déraisonnables du marché, nous signalerons simplement que, comme nous le craignions à l’époque, le ralentissement de la croissance se confirme et s’aggrave.

Plus grave encore : la perte d’exploitation n’a fait que se creuser au fur et à mesure de l’expansion de l’activité, comme chez Affirm Holdings discuté hier. C’est une constante chez Snowflake, sans qu’on ne distingue d’inflexion à l’horizon. 

Le principal responsable, comme de coutume désormais dans le secteur de la technologie américaine, ce sont des rémunérations en stock-options aberrantes — plus d’un milliard de dollars sur l’exercice qui s’achève. 

En substance, les équipes de direction de Snowflake confisquent l’intégralité du profit. Ici comme ailleurs, manifestement, le seul moyen pour ces entreprises du secteur technologique de parvenir à la profitabilité reviendrait à rémunérer quatre à cinq fois moins leurs employés... 

Mais qui — ou quoi — sonnera la fin de la récréation ?

Comme un signal additionnel, qui au fond n’était pas nécessaire pour deviner la dynamique sous-jacente : le directeur général Frank Slootman, sur le départ, a empoché $250 millions en trois mois en vendant ses titres gracieusement obtenus via ses stock-options. 

En fait, Slootman, son directeur financier et les actionnaires historiques de Snowflake se sont tous délestés en masse de leurs titres, tout en promettant bien sûr monts et merveilles à ceux qui en face les achetaient.