Pour l'exercice qui sera clos fin mars, le fabricant d'électronique grand public prévoit un déficit de 780 milliards de yens (7,8 milliards d'euros). Le marché attendait avant cette prévision révisée un déficit de 470 milliards de yens, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

Cette charge est essentiellement due à des frais de restructuration et à des dépréciations liées à la prise de contrôle de Sanyo.

Son concurrent Sony a dit jeudi s'attendre à une perte annuelle de 220 milliards de yens (2,2 milliards d'euros), presque deux fois plus qu'attendu par le marché, ce qui souligne l'ampleur de la tâche du nouveau patron du groupe, Kazuo Hirai.

L'annonce mardi du remplacement de l'Américain Howard Stringer par Kazuo Hirai à la direction générale de Sony au mois d'avril s'est traduit ce vendredi par un gan de 8% de l'action, son gain le plus important en pourcentage depuis près d'un an.

Pour le trimestre octobre-décembre, troisième de l'exercice 2011-2012, la perte nette de Panasonic se monte à 197,6 milliards de yens. Le marché attendait une perte nette de 8,4 milliards de yens.

L'action Panasonic a chuté de 45% sur les 12 derniers mois. Jeudi, elle a fini à son plus bas depuis plus de 30 ans. Elle a rebondi dans le sillage du cours de Sony.

Le patron de Panasonic, Fumio Ohtsubo, s'est excusé pour cette perte lors d'une conférence de presse à Tokyo "Je me sens responsable pour ce montant".

Il n'a pas donné de signe toutefois de son intention de démissionner à l'instar de ce qui s'est passé chez Sony

Ensemble, Panasonic, Sony et Sharp s'attendent à prendre 17 milliards de dollars cette année (13 milliards d'euros), signe très net des dégâts causés sur le secteur électronique japonais par la hausse du yen, la baisse de la demande et la concurrence étrangère et notamment celle du sud-coréen Samsung Electronics.

L'inadaptation de Panasonic au nouveau marché des téléviseurs - qui doivent désormais êtres reliés à d'autres appareils comme les tablettes ou les smartphones - risque d'affecter ses ventes en général.

PERSPECTIVES MOROSES DANS LES TÉLÉVISEURS

Panasonic, qui a prévu de supprimer 17.000 emplois d'ici la fin mars, a réduit sa prévision de ventes en volumes dans les téléviseurs à écran plat : il pense en vendre 18 millions au lieu de 19 millions auparavant.

"La société ne semble par avoir de but particulier", commente Yuuki Sakurai, chez Fukoku Capital. "En quoi exactement cette société est-elle bonne ? Que veut-elle faire ? Ils n'ont pas de réponse à ces questions."

En tout cas, Fumio Ohtsubo ne semble pas avoir l'intention de se désengager des téléviseurs.

"Ce n'est pas une activité qui a perdu son potentiel de croissance", a-t-il déclaré. Panasonic, a-t-il expliqué, veut développer la télévision "d'une manière différente".

Le groupe veut voir s'il peut vendre des téléviseurs aux entreprises, par exemple des écrans de haute qualité pour les hôpitaux.

Quoi qu'il en soit, le marché des téléviseurs grand public reste le marché dominant et ses perspectives sont mauvaises.

D'ici 2015, les ventes annuelles mondiales de téléviseurs à cristaux liquides baisseront de 8% pour tomber à 92 milliards de dollars selon le cabinet d'études DisplaySearch. En outre, le marché des écrans plasma, dominé par Panasonic, devrait chuter de 38% à sept milliards de dollars.

Outre les téléviseurs, les comptes de Panasonic ont été mis à mal par des coûts de restructuration de 514 milliards de yens ainsi que par une dépréciation de survaleurs de 250 milliards de yens liée à l'acquisition en 2009 du concurrent Sanyo.

Panasonic en avait pris le contrôle pour se recentrer sur les marchés liés à l'entreprise comme les composants automobiles et les technologies vertes.

Les dépréciations pourraient s'accroître si Sanyo ne se redresse pas, soulignent les analystes.

Pour l'exercice dans son ensemble, Panasonic prévoit un très léger bénéfice au niveau de l'exploitation : 30 milliards de yens, contre une précédente prévision de 130 milliards de yens. Lors de l'exercice 2010-2011, le groupe avait réalisé un bénéfice d'exploitation de 305 milliards de yens.

Panasonic conserve des activités rentables : l'électroménager dont le bénéfice d'exploitation a augmenté de 8% à 26 milliards de yens et dont la marge d'exploitation est de 8%.

Tim Kelly, Danielle Rouquié pour le service français, édité Benoît Van Overstraeten

par Tim Kelly et Yoko Kubota