Swiss Re fait partie d'une liste de plus en plus longue de réassureurs qui renoncent à demander que la bataille de près de 10 milliards de dollars avec les sociétés de leasing d'avions, qui cherchent à obtenir des paiements pour plus de 200 jets bloqués en Russie, soit entendue à Moscou, comme le montrent des documents judiciaires.

La décision de Swiss Re d'accepter la compétence des tribunaux anglais fait suite à une décision similaire prise par son homologue Chubb à la fin de l'année dernière, alors que s'intensifie la bataille contre les loueurs, dont l'irlandais AerCap, l'américain Carlyle Aviation Partners et le new-yorkais Merx Aviation, basé à Dublin.

Swiss Re et Chubb se sont refusés à tout commentaire.

Les deux poids lourds font partie des quelque 35 défendeurs qui vont maintenant permettre que l'affaire soit entendue en Angleterre, selon des documents judiciaires, alors que le premier jour de l'audience de la Haute Cour de Londres a débuté mercredi.

Plus de 400 avions sont bloqués en Russie depuis que les pays occidentaux ont imposé des sanctions à ce pays à la suite de son invasion de l'Ukraine il y a deux ans, ce qui a donné lieu à une vague de poursuites judiciaires, dont deux plaintes collectives complexes déposées à Londres.

L'affaire de mercredi porte sur les polices "opérateurs", en vertu desquelles les compagnies aériennes russes ont loué les avions par l'intermédiaire de bailleurs internationaux, les ont assurés auprès d'assureurs russes et ont réassuré ces polices sur le marché londonien. Les loueurs sont désignés comme assurés et peuvent donc, dans certains cas, présenter une demande d'indemnisation directe.

Les réassureurs qui s'opposent à la demande d'indemnisation affirment que leurs polices stipulent que l'affaire doit être entendue à Moscou. Mais les bailleurs font valoir qu'il y a de bonnes raisons de ne pas appliquer des clauses juridictionnelles qui leur feraient courir le risque d'audiences inéquitables et de jugements incohérents.

"Il est communément admis que l'État russe peut être prêt à s'immiscer dans l'instruction des affaires en Russie lorsque ses intérêts sont suffisamment concernés", a déclaré au tribunal Tom Weitzman, avocat des bailleurs à l'origine de l'action en contestation de compétence.

Toutefois, une vingtaine de réassureurs, dont AIG, AXA et certains syndicats de la Lloyd's of London, souhaitent toujours que les plaintes soient entendues en Russie.

La Lloyd's s'est refusée à tout commentaire. AIG et AXA n'ont pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

"Alors que de nombreux assureurs ont compris que la perspective d'une audience à Moscou était totalement irréalisable, d'autres maintiennent leur contestation de la juridiction pour des raisons purement tactiques, en exploitant grossièrement l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la grave situation qui existe aujourd'hui", a déclaré un porte-parole de Carlyle Aviation Partners.

Certains bailleurs, menés par AerCap, le plus grand bailleur au monde, poursuivent également les assureurs en vertu de polices "contingentes et possédées" à Londres, Dublin et dans certains États américains. Un "mégaprocès" est prévu à Londres en octobre.

Les accords avec la Russie, quant à eux, ont commencé à réduire la taille des demandes d'indemnisation. Depuis qu'ils ont entamé leurs poursuites, les bailleurs ont obtenu des règlements d'un montant total de plus de 2,5 milliards de dollars pour plus de 100 avions à réaction, dont la propriété a été transférée à des compagnies aériennes russes. (Reportage de Kirstin Ridley et Carolyn Cohn, édition de Mark Potter)