(Actualisation: précisions sur le plan de restructuration, cours de Bourse, contexte)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Atos bondit lundi à la Bourse de Paris, alors que l'Etat français lui a adressé une lettre d'intention non engageante pour la reprise de ses activités stratégiques. Le groupe de services numériques en difficulté a par ailleurs presque doublé son estimation du montant de liquidités nécessaires pour financer son activité sur la période 2024-2025.

En fin de matinée, l'action Atos bondissait de 16,3% à 2,22 euros. Le titre accuse un repli d'environ 68% depuis le début de l'année.

Atos a indiqué lundi matin avoir reçu une lettre d'intention non engageante de l'Etat concernant "l'acquisition potentielle de 100% des activités d'Advanced Computing, de Mission-Critical Systems et de Cybersecurity Products d'Atos SE pour une valeur d'entreprise indicative comprise entre 700 millions et 1 milliard d'euros".

Ces activités stratégiques ont représenté un chiffre d'affaires d'environ 1 milliard d'euros en 2023, sur un total de 1,5 milliard d'euros pour l'ensemble des activités de big data et cybersécurité (BDS).

Atos "accueille avec satisfaction cette lettre d'intention qui protégerait les impératifs stratégiques de souveraineté de l'Etat français", a indiqué le groupe, en soulignant que la phase de vérifications nécessaires, dite de "due diligence", avec l'Etat français démarrerait "prochainement, en vue de l'émission d'une offre non engageante confirmatoire d'ici à début juin 2024".

"La lettre d'intention prévoit un engagement d'exclusivité limité, s'appliquant aux offres directes sur le périmètre couvert par la lettre d'intention (et autorise expressément l'échange d'informations et la remise d'offres globales dans le cadre du plan de restructuration financière), jusqu'à la première des deux dates suivantes : le 31 juillet 2024 ou la date de conclusion d'un accord global de restructuration financière", a précisé Atos.

Un partenariat envisagé avec des acteurs français

Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, avait annoncé dimanche que l'Etat souhaitait acquérir, en partenariat avec d'autres acteurs français, les activités stratégiques du groupe de services numériques en difficulté, dont ses supercalculateurs, des serveurs d'intelligence artificielle et des activités de cybersécurité.

L'Etat n'a pour le moment pas nommé ses éventuels partenaires industriels. L'avionneur Airbus avait négocié avec Atos en début d'année un possible rachat de l'intégralité des activités du périmètre BDS pour une valeur d'entreprise de 1,5 milliard à 1,8 milliard d'euros. Cependant, ces pourparlers ont pris fin en février, peu après l'arrêt des discussions qu'Atos menait en parallèle avec EP Equity Investment (EPEI), un fonds détenu principalement par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, pour lui céder ses activités historiques d'infogérance Tech Foundations. Pendant un temps, le groupe de défense et de technologies Thales avait également été évoqué comme un possible repreneur pour les activités de cybersécurité d'Atos.

Le spécialiste de la transition numérique Onepoint, premier actionnaire d'Atos avec 11,1% du capital, avait pour sa part annoncé début avril son intention de présenter un plan stratégique, baptisé "OneAtos", soutenu notamment par la société d'investissement Butler Industries.

Le gouvernement français a pris à "contre-pied l'ensemble des acteurs en soumettant une offre", commentent les analystes d'Octo Finances. "Dans cette manouvre, nous avons l'impression que l'Etat est un 'passe plat' en forçant la cession des activités souveraines pour ensuite les 'transmettre' à d'autres grands groupes français", estime Octo Finances.

"Cette offre rebat totalement les cartes : cette cession 'forcée' permet un apport de liquidité à un moment où le groupe est en situation d'urgence mais le nouveau périmètre d'Atos pourrait ne pas convenir à des potentiels repreneurs", même si "l'externalisation des activités souveraines ouvre la possibilité à des repreneurs étrangers", poursuit Octo Finances.

Les offres de renflouement attendues jusqu'au 3 mai

Par ailleurs, Atos cherche à conclure avec ses créanciers un accord global de renflouement et attend des propositions à ce sujet jusqu'au 3 mai. Cette date butoir, initialement fixée au 26 avril, a été reportée la semaine dernière, le directeur général d'Atos, Paul Saleh, ayant indiqué à l'occasion de la publication des résultats trimestriels du groupe avoir reçu "plusieurs intentions d'offres, mais aucune offre officielle".

Atos avait également prévenu la semaine dernière que ses besoins de liquidités étaient plus élévés qu'initialement estimé, sans les chiffrer. Lundi, le groupe a estimé avoir besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités, à comparer à 600 millions d'euros annoncés au début du mois. Ces fonds sont attendus "sous la forme de dette et/ou de capital par des parties prenantes existantes ou des investisseurs tiers", a rappelé Atos.

Le groupe a confirmé avoir besoin de 300 millions d'euros de nouvelles lignes de crédit renouvelables et de 300 millions d'euros de lignes de garanties bancaires additionnelles et prévoir de trouver un accord de restructuration financière avec ses créanciers d'ici à juillet.

Concernant son endettement, Atos a prévenu que sa dette brute devrait être réduite de 3,2 milliards d'euros, contre 2,4 milliards d'euros estimés précédemment.

Ces révisions prennent en compte les conditions de marché et les tendances commerciales actuelles dans des régions clés du groupe, a indiqué Atos. Elles reflètent également "des reports dans l'attribution de nouveaux contrats et des travaux supplémentaires, les clients attendant la finalisation du plan de restructuration financière", a ajouté le groupe.

Par ailleurs, Atos a revu à la baisse ses objectifs à horizon 2027, tablant désormais sur un chiffre d'affaires de 11 milliards d'euros, à comparer à 11,4 milliards d'euros communiqués précédemment. La marge opérationnelle est attendue à 1,1 milliard d'euros, représentant ainsi 9,9% du chiffre d'affaires, par rapport à une précédente prévision de 1,2 milliard d'euros, soit 10,3% du chiffre d'affaires.

Atos a également réduit ses objectifs pour 2024, visant un chiffre d'affaires de 9,8 milliards d'euros, en repli organique d'environ 3,3% par rapport à 2023, contre 9,9 milliards d'euros et une baisse organique d'environ 2% anticipés précédemment. La marge opérationnelle devrait atteindre 0,3 milliard d'euros, soit 2,9% du chiffre d'affaires, contre une estimation précédente de 0,4 milliard d'euros, soit 4,3% du chiffre d'affaires.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV

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April 29, 2024 06:00 ET (10:00 GMT)