En voie de restructuration, Thyssenkrupp — discuté dans nos colonnes il y a quelques semaines — entend se repositionner dans les technologies bas-carbone. L'intention est louable et dans l'air du temps, mais les perpectives de rentabilité sont encore incertaines et largement dépendantes de politiques publiques volontaristes. 

Pour l'instant, ces dernières sont au rendez-vous et on ne voit nul autre segment dans l'industrie lourde avec de si prometteuses perspectives d'expansion. En volumes, le marché de l'hydrogène devrait sextupler d'ici 2050. Les producteurs ont embrayé sur la tendance et la capacité annoncée en électrolyseurs a doublé en deux ans. 

Nucera est un leader mondial des électrolyses alcaline et chlore-alcali. Le groupe a l'échelle et l'expertise exigées par ses clients — principalement des leaders mondiaux de la pétrochimie — pour s'inscrire dans des projets multi-décennaux où les barrières à l'entrée sont élevées.

Il a déjà installé 3GW de capacité en électrolyseurs et s'appuie sur le carnet de commandes le mieux garni parmi ses pairs. Ceci reste une goutte d'eau dans un marché en forte croissance où 250GW de capacité ont déjà été annoncés. C'est donc sans surprise que Nucera, qui reportait hier ses résultats annuels, enregistre une croissance de 70% de son chiffre d'affaires en 2023.

Un tel développement n'est pas gratuit. Si l'exploitation est positive cette année, le groupe prévient qu'elle sera dans le rouge en 2024. Pas refroidi par ces perspectives, le marché maintient son vote de confiance et propulse le titre à la hausse ce matin. 

L'hydrogène est un thème à la mode parmi les investisseurs. Tellement à la mode que la capitalisation boursière de Nucera atteint x85 son profit réalisé en 2023. Si l'on préfère voir le verre à moitié plein, on pourra aussi souligner que le groupe est valorisé à moins de deux fois son chiffre d'affaires attendu en 2025.