New York (awp/afp) - Les cours du pétrole ont enregistré une seconde séance de repli, jeudi, malgré le message modéré mercredi de la banque centrale américaine (Fed), qui laisse envisager de prochaines baisses de taux, et la baisse du dollar.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'est vu ponctionner de 0,19%, pour clôturer à 85,78 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain de même échéance s'est lui effrité de 0,24%, à 81,07 dollars.

L'or noir n'a pas profité du discours mesuré du président de la Fed, Jerome Powell, qui a estimé que les récents hoquets de l'inflation aux Etats-Unis ne remettaient pas en cause l'hypothèse d'une poursuite de la décélération des prix.

Par ailleurs, le scénario central des membres du Comité de politique monétaire reste celui comprenant trois baisses du taux directeur cette année, alors que les opérateurs s'inquiétaient de les voir opter pour seulement deux.

La perspective d'un assouplissement monétaire imminent est théoriquement favorable à la dynamique économique et à la demande, de pétrole notamment.

"Les baisses de taux de la Fed peuvent être vues de deux manières", a expliqué John Kilduff, d'Again Capital.

Elles augurent certes d'une amélioration de la demande, "mais elles sont aussi décidées en réponse à un ralentissement économique et à une posture monétaire trop stricte compte tenu des conditions actuelles", a-t-il décrit.

Cela remet un coup de projecteur sur la demande mondiale, dont la santé interroge.

En Europe, l'indice PMI d'activité dans le secteur manufacturier en Allemagne et en France est ressorti jeudi nettement en-deçà des attentes pour mars, à un niveau qui témoigne d'une contraction marquée.

Par ailleurs, après avoir surtout prêté attention, mercredi, à la baisse hebdomadaire des stocks américains de brut plus élevée que prévue, les opérateurs ont davantage gardé en tête le léger coup de frein des livraisons d'essence au marché américain.

"On venait d'avoir deux semaines de demande très importante et tout le monde en avait conclu que la dynamique avait changé, mais (les chiffres publiés mercredi montrent que) ce n'est pas le cas", a décrypté John Kilduff.

Le recul du dollar, consécutif à la communication de la Fed, n'a pas non plus bénéficié au pétrole.

Pour José Torres, d'Interactive Brokers, des opérateurs ont profité, en outre, de la séance pour prendre quelques bénéfices, ce qui a contribué à faire tomber les cours dans le rouge.

Pour Daniel Ghali, de TD Securities, l'appétit des traders pour l'or noir, qui a permis aux prix d'atteindre leur plus haut niveau en quatre mois, la semaine dernière, s'essouffle.

Le marché reste en situation de "faiblesse fondamentale", estime l'analyste, pour qui les risques liés à l'offre tendent à diminuer.

"On cale de nouveau après avoir passé 80 dollars" le baril de WTI, a commenté John Kilduff. "Cela montre la résistance à laquelle font face les cours."

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