Washington (awp/afp) - La Fed se réunit cette semaine, avec cette question: quand commencera-t-elle à abaisser ses taux? L'inflation en effet est sur la bonne voie, la croissance a dépassé les espérances, et le chômage reste au plus bas.

"Les discussions sur la réduction des taux domineront l'ordre du jour", souligne ainsi Gregory Daco, économiste pour EY Parthenon.

Les responsables de la banque centrale américaine avaient en effet signalé mi-décembre, lors de la dernière réunion, qu'ils anticipent trois ou quatre baisses cette année.

Ils s'étaient alors bien gardés d'être affirmatifs sur le moment où ils pourraient lancer le mouvement.

Or, coup de tonnerre vendredi: leur mesure favorite de l'évolution des prix, l'indice PCE, a montré une inflation sous-jacente au plus bas depuis près de trois ans, à 2,9%.

Et même inférieure au niveau cible de 2% de la Fed en considérant l'évolution sur trois et six mois annualisée, c'est-à-dire en projetant sur une année complète à ce rythme.

L'objectif pourrait donc bientôt être atteint.

Les chiffres de l'inflation "entretiennent l'espoir du marché" de voir une première baisse des taux dès le mois de mars, c'est-à-dire lors de la réunion suivante, "mais je pense toujours que c'est un peu prématuré", a indiqué à l'AFP Jay Bryson, chef économiste de Wells Fargo.

Mars ou mai ?

"La trajectoire de l'inflation se traduira par une première baisse des taux en mai", selon Gregory Daco, qui souligne que "même si un assouplissement de la politique monétaire en mars serait judicieux, ça ne sera pas forcément la voie choisie".

Les taux se trouvent, depuis juillet, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, leur plus haut niveau depuis 20 ans, après avoir été relevés drastiquement pour juguler l'inflation.

Julia Pollak, cheffe économiste du site d'offres d'emplois ZipRecruiter, met cependant en garde sur le fait qu'"à attendre longtemps, on risque d'agir trop tard".

Car "les arguments économiques en faveur d'une victoire sur l'inflation et d'une réduction des taux le plus tôt possible sont solides".

Et pas uniquement politiques, ajoute-t-elle, alors que la campagne électorale est désormais lancée, et que "certains sont allés jusqu'à suggérer que toute baisse de taux dans les mois à venir serait clairement motivée par la motivation politique visant à accroître les chances du président Joe Biden" d'être réélu.

La Fed est indépendante du pouvoir politique. Mais les baisses de taux permettent notamment aux ménages d'avoir accès à un crédit moins coûteux, et tendent donc à améliorer leur confiance.

Cela pourrait jouer dans les urnes en faveur du président démocrate, qui semble bien parti pour affronter de nouveau Donald Trump.

Nouveaux votants

"Le moment exact dépendra des données à venir, du marché du travail, de l'inflation et de la croissance", détaille de son côté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.

Elle table, à ce stade, sur un début de baisse des taux "d'ici le milieu de l'année", mais "un démarrage plus précoce ne peut être exclu".

L'économie américaine a en effet déjoué les pronostics de récession en 2023, la croissance de son PIB s'accélérant même par rapport à 2022, à 2,5%.

Le taux de chômage, lui, est toujours à ses niveaux les plus bas depuis 50 ans, à 3,7% en décembre.

Le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, accueille, comme chaque année lors de sa réunion de janvier, quatre nouveaux votants. Sur les 12 sièges, en effet, cinq sont réservés aux présidents de Fed régionales, dont un permanent pour New York, et quatre pour les autres, à tour de rôle.

En 2024, les présidentes des Fed de Cleveland, Loretta Mester, et San Francisco, Mary Daly, pourront voter, ainsi que ceux de Richmond, Tom Barkin, et Atlanta, Raphael Bostic.

La Banque centrale européenne (BCE), qui a tenu sa réunion jeudi, a laissé ses taux d'intérêt inchangés et a douché les espoirs de ceux qui attendaient des indications sur un assouplissement.

afp/rp