Londres (awp/afp) - Critiquée ces dernières années pour des prévisions qui se sont souvent avérées erronées, la Banque d'Angleterre (BoE) assure vouloir améliorer ses projections, en ayant notamment recours à des scénarios alternatifs, après la publication vendredi d'une étude critique menée par un ancien patron de la Fed.

"Nous devrions retenir les leçons des difficultés auxquelles nous avons fait face" dans la précision des prévisions économiques et d'inflation, a reconnu le gouverneur de la banque centrale britannique Andrew Bailey à l'occasion d'une conférence de presse.

M. Bailey s'exprimait au sujet de recommandations de l'ancien président de la Réserve fédérale (Fed) de 2006 à 2014 et économiste Ben Bernanke, qui avait été chargé en juillet dernier par l'institution d'une étude sur le sujet et dont les conclusions ont été publiées vendredi.

En réponse, l'institution monétaire s'engage à "initier un programme d'amélioration significatif", envisageant notamment de "reconsidérer le rôle d'une projection centrale, en l'augmentant avec des scénarios" additionnels, afin de mieux "prendre en compte les risques" économiques, et d'"articuler la différence de points de vue entre les différents membres du Comité" de politique monétaire.

La BoE note également la nécessité d'un investissement financier "substantiel" dans les "données, modèles, prévisions et infrastructures d'évaluation, et le personnel expert qui les soutient".

La banque centrale britannique avait notamment fait l'objet de critiques pour avoir sous-estimé la persistance de l'inflation dans la foulée de la pandémie et de la guerre en Ukraine, et avoir possiblement trop tardé à rehausser ses taux.

Après avoir grimpé à plus de 11% fin 2022, l'inflation a été plus lente à baisser au Royaume-Uni que dans d'autres pays. Elle a depuis reculé à 3,4% sur un an en février, mais reste toutefois supérieure à l'objectif de 2% de la banque centrale britannique.

Pour lutter contre les hausses de prix, la Banque d'Angleterre a opéré 14 tours de vis monétaires avant de maintenir pendant de longs mois ses taux d'intérêts à un plus haut historique de 5,25%.

La BoE n'est pas la seule à subir les critiques qui s'accumulent sur l'incapacité des économistes à faire des prévisions dans un contexte de crises à répétition.

L'étude de M. Bernanke pointe ainsi que la précision des prévisions de la BoE s'est "détériorée significativement ces dernières années" mais ajoute que cela a aussi été le cas "à un degré comparable chez d'autres banques centrales et parmi les prévisionnistes britanniques".

Le texte attribue cette imprécision aux "larges chocs" endurés, qui étaient "par leur nature, difficiles à anticiper".

La BoE promet davantage de précision sur son plan d'action d'ici la fin de l'année.

afp/ck