LONDRES, 12 avril (Reuters) - Les chiffres des prix à la consommation aux Etats-Unis ont ravivé les craintes d'une inflation persistante, douchant les anticipations des marchés sur une réduction des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) dès le mois de juin.

Les nouvelles données économiques et les résultats à venir des entreprises devraient probablement maintenir sous pression les marchés actions.

Sur les autres fronts de la semaine, l'Inde se prépare à des élections législatives, tandis que les ministres des Finances et les banquiers centraux doivent se rendre à Washington pour les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Tour d'horizon des perspectives des marchés dans les prochains jours:

La hausse plus forte que prévu de l'indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis pour le mois de mars a poussé les opérateurs de marché à considérer que septembre serait sans doute la date la plus probable d'une baisse des taux de la Fed, et non plus juin.

Les données sur les ventes au détail aux Etats-Unis, prévues le 15 avril, ainsi que les premiers résultats trimestriels publiés par Bank of America, American Express, Procter & Gamble, Netflix ou encore UnitedHealth Group, seront étudiés à l'aune du comportement des consommateurs.

Le consensus Reuters prévoit une hausse de 0,3% des ventes au détail en mars après une augmentation de 0,6% en février, un chiffre inférieur aux prévisions qui laissaient présager un ralentissement des dépenses de consommation dans un contexte d'inflation et de coûts d'emprunt élevés.

2/ L'ÉTAT DE L'ÉCONOMIE CHINOISE

Les investisseurs auront dans les jours qui viennent un premier aperçu de l'évolution de la croissance de la Chine, deuxième économie mondiale.

Les chiffres du produit intérieur brut (PIB) du premier trimestre sont attendus mardi, ainsi que des données sur les prix de l'immobilier et les ventes au détail.

Le consensus Reuters prévoit un PIB en hausse de 4,6% en rythme annuel, ce qui marquerait un début difficile pour Pékin dans l'atteinte de son objectif de croissance d'environ 5% pour cette année.

Malgré les enquêtes optimistes sur les secteurs manufacturier et des services à la faveur d'une augmentation des prix à la consommation, la déflation persistante des prix à la production laisse présager une reprise fragile en Chine.

D'autant que le marché de l'immobilier, qui représente un quart du PIB, est toujours à la peine.

3/ L'INDE VOTE

Des élections législatives se dérouleront en sept phases du 19 avril au 1er juin en Inde, la plus grande démocratie du monde en termes de population, avec près de 970 millions d'électeurs. Les résultats de ces élections sont attendus à compter du 4 juin.

Le chef du gouvernement sortant, Narendra Modi, âgé de 73 ans, brigue un nouveau mandat. En cas de succès, il deviendrait le deuxième Premier ministre indien après Jawaharlal Nehru, héros de l'indépendance et premier chef de gouvernement du pays, à obtenir un troisième mandat consécutif.

Depuis que l'Alliance démocratique nationale (NDA), que Narendra Modi dirige, a remporté les élections d'Etats clés en décembre, les marchés financiers se sont redressés en raison des espoirs de continuité politique.

Les indices boursiers indiens de référence, Nifty 50 et Sensex, ainsi que l'indice plus large des moyennes capitalisations, ont atteint des niveaux record, à la faveur de perspectives économiques solides. Une défaite de la NDA, considérée comme peu probable, pourrait déclencher un recul temporaire des indices.

4/ BAISSE DES TAUX DE LA BOE À L'ÉTÉ?

L'inflation britannique a ralenti en février, mettant la Banque d'Angleterre (BoE) sur la bonne voie pour commencer à réduire ses taux, qui sont à un pic de 16 ans. L'attention se tourne désormais vers les données de mars sur les prix à la consommation pour confirmer cette tendance.

Les attentes des entreprises en matière de prix de vente et d'augmentation des salaires sur un an sont en baisse, selon une enquête de la BoE, particulièrement surveillée par son comité de politique monétaire. Les consommateurs britanniques s'attendent également à une baisse de l'inflation.

Les responsables de la BoE sont cependant divisés sur le calendrier de l'assouplissement monétaire, Megan Greene ayant même estimé jeudi qu'une baisse des taux était loin d'être acquise.

Parallèlement, la croissance britannique a ralenti en février à 0,1%, même si les derniers indices PMI laissent présager une sortie de la récession.

Les traders, qui avaient parié sur une baisse des taux de la BoE en juin, s'attendent désormais à ce que cet assouplissement commence en août. Ce report est en partie lié au recul des anticipations de baisses de taux aux Etats-Unis.

5/ LE PRINTEMPS EST ARRIVÉ!

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du monde entier doivent se rendre à Washington pour la réunion annuelle de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui débute lundi.

Les dirigeants du G20 et du G7 se réuniront également dans les prochains jours alors que les sujets à traiter ne manquent pas.

Ils pourraient aborder les divergences entre l'économie américaine toujours en phase d'expansion au moment où la croissance dans le reste du monde s'essouffle. Les conséquences de cette situation sur la politique monétaire et les marchés financiers pourraient figurer parmi leurs interrogations.

L'inflation devrait également être au centre de l'attention alors que la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, estime que la bataille n'est pas encore gagnée, d'autant plus que les tensions au Moyen-Orient font flamber les cours du pétrole.

(Rédigé par Lewis Krauskopf à New York, Rae Wee à Singapour, Bharath Rajeswaran à Bengaluru, Karin Strohecker et Naomi Rovnick à Londres, graphiques de Vineet Sachdev, Kripa Jayaram et Sumanta Sen; Compilé par Dhara Ranasinghe; version française Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)