Rattrapées par les tensions inflationnistes persistantes, les premières actions agressives des banquiers centraux et les craintes de ralentissement économique à l'échelle mondiale, les places financières connaissent actuellement un brusque retour de l'aversion au risque et reviennent à quelques encablures de leurs plus bas annuels.

Bien que la saison des résultats s'est avérée de bonne facture, avec plus de 75% des sociétés du S&P500 qui ont dépassé les attentes concernant les bénéfices, les chiffres sont assez disparates selon les secteurs. A l'image du décrochage des valeurs technologiques depuis le début de l'année, les GAFAM n'ont pas suscité d'enthousiasme après leurs publications décevantes, contribuant très nettement à la correction des marchés. C'est également le cas du secteur de la distribution qui a été particulièrement sanctionné. Ce secteur, qui fait jusqu'à présent partie des actifs défensifs et conservait une performance positive depuis le début de l'année, vient de connaître un brusque décrochage. L'augmentation des coûts avec les pressions inflationnistes, la hausse du fret, les difficultés d'approvisionnement et le changement d'habitude des consommateurs ont ainsi pesé sur les résultats des géants américains.  

Les opérateurs continuent ainsi de se désengager des actifs risqués, avec le constat d'un réel ralentissement économique et des craintes de récession. Le PIB américain s'est, en outre, contracté de 1.4% au premier trimestre, celui du japon de 1% et les dernières publications chinoises ont clairement déçu. Les ventes au détail reculent de 11.1%, la production industrielle de 2.9% et le chômage remonte à 6.1%, en raison de la sévérité des blocages imposés pour contrer le COVID. Malgré la levée progressive des restrictions sanitaires en Chine, le redémarrage devrait s'avérer lent et ce devrait continuer à peser sur l'activité mondiale pendant encore de nombreux mois.

L'autre élément moteur de la correction des indices reste l'envolée de l'inflation. Celle-ci a atteint 8.3% en avril aux Etats-Unis (contre 8.5% en mars), 7.4% en zone euro (contre 7.5% en mars), poussant ainsi les banques centrales à durcir sensiblement leur politique monétaire. La Réserve Fédérale, qui vient de relever ses taux de 50 points de base, a ainsi confirmé que d'autres resserrements monétaires de la même ampleur seraient justifiés lors des prochaines réunions, envisageant même de durcir encore le ton si l'inflation persistait. De son côté, bien que la BCE avait jusqu'à présent repoussé le scénario d'une hausse des taux, elle pourrait désormais relever le loyer de l'argent dès juillet, après l'arrêt de son programme de rachats d'actifs.

Le climat demeure donc particulièrement anxiogène, à l'image des fortes variations quotidiennes des places financières et d'une actualité qui reste négative sur tous les fronts.    

D’un point de vue technique, le CAC40 fait preuve de volatilité et revient à proximité de ses plus bas du début du mois de mai. En données hebdomadaires, le biais demeure baissier sous les 6685 points, zone de convergence des moyennes mobiles à 20 et 50 semaines.
Sur un horizon de temps plus court, la tendance est également négative sous les 6535 points. La zone des 6250 points constitue désormais l’ultime rempart avant une nouvelle accélération baissière en direction des 6085/5960 points, plus bas de mars en clôture journalière. Il conviendra donc de rester prudents sur les niveaux actuels. Un retour vers les points bas annuels pourra néanmoins être l’occasion de revenir progressivement à l’achat avec un meilleur timing.