Paris (awp/afp) - Bourses en berne, taux obligataires en hausse, dollar qui s'envole: l'annonce d'une inflation américaine plus forte que prévu a agité les places économiques européennes et américaines qui voient s'éloigner l'espoir que la Réserve fédérale américaine (Fed) baisse ses taux directeurs dès juin.

En Europe, les indices sont passés par toutes les phases durant la séance: en hausse au début, en forte baisse à l'annonce de l'inflation américaine - le CAC 40 est repassé sous la barre des 8.000 points pour la première fois depuis un mois - avant de se redresser en fin de séance, pour finir quasiment stable (-0,05%). Francfort et Londres ont clôturé en légère hausse, grappillant respectivement 0,11% et 0,33%.

A 16H10 GMT, Wall Street évoluait toujours en nette baisse: le Dow Jones abandonnait 1,31%, le Nasdaq cédait 1,17% et l'indice élargi S&P 500 perdait 1,18%. La Bourse de New York est sonnée par l'accélération de l'inflation, qui met en doute l'idée même d'une baisse des taux cette année par la banque centrale américaine (Fed).

Les économistes tablaient déjà sur une accélération de l'inflation sur un an - à 3,4% contre 3,2% en février - mais celle-ci s'avère encore plus marquée, à 3,5%, toujours très éloignée de la cible de la Fed des 2%.

"Le logement et le gaz sont les deux facteurs clés" explicatifs de cette hausse supérieure aux attentes, estime Jack Amy, analyste chez Moneyfarm.

Les investisseurs doutent de plus en plus que la Fed abaisse ses taux directeurs dès juin, d'autant plus que l'économie outre-Atlantique montre toujours autant de solidité. Ils estiment désormais plus probable de n'avoir que deux baisses de taux sur l'ensemble de 2024: il y a un mois, ils planchaient sur trois.

"La question clé maintenant est de savoir si cela va vraiment dissuader la Fed et le type de communication qu'elle va faire dans les prochains temps" à ce sujet, souligne Neil Wilson, analyste de Finalto.

Le compte-rendu des discussions de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed est attendu en deuxième partie de séance aux Etats-Unis.

L'annonce de l'inflation américaine a également fait immédiatement grimper les taux sur le marché obligataire. Le taux d'intérêt du 2 ans américain, le plus sensible à la politique monétaire, s'envolait à 4,93% à 16h00 GMT, au plus haut depuis le 27 novembre dernier, contre 4,74% la veille. En Europe, les taux d'intérêt du 10 ans ont suivi la même tendance: 2,92% pour la France et 2,43%, contre respectivement 2,86% et 2,37% la veille.

Delta Air Lines décolle ___

La compagnie aérienne américaine Delta Air Lines a dépassé les prévisions des analystes au premier trimestre, marqué par un chiffre d'affaires "record" et une demande "robuste", qui la conforte dans ses objectifs pour l'ensemble de l'année.

Sur les trois premiers mois de l'année, la compagnie a réalisé un chiffre d'affaires de 12,56 milliards de dollars (+6%) et dégagé un bénéfice net de 37 millions, contre une perte de 363 millions un an plus tôt. Résistant à la nette baisse dans les échanges à l'ouverture de la Bourse de New York, l'action Delta montait de 1,30% à 16H10 GMT.

Le dollar s'envole ___

Autre conséquence de l'inflation, vers 16H00 GMT le billet vert grimpait face à l'euro, qui plongeait à 1,0735 dollar, et bondissait également face à la livre, qui chutait de 0,91% à 1,2562 dollar.

Le dollar s'est renforcé après que "les espoirs d'une baisse imminente des taux de la Fed ont été atténués par une inflation" plus élevée que prévu, qui s'ajoute à des données solides sur l'emploi et la croissance, explique Jason Schenker de Prestige Economics.

Le bitcoin cédait 0,64% à 68.687 dollars.

Les prix du pétrole avançaient mercredi, avec un rapport de l'Agence américaine d'information sur l'énergie révisant la demande à la hausse.

Le baril de Brent prenait 0,19% à 89,59 dollars, tout comme le WTI, en hausse de 0,18% à 85,38 dollars vers 16H00 GMT.

afp/rp