Paris (awp/afp) - Après Wall Street mercredi, les Bourses européennes et asiatiques chutaient jeudi, anticipant un sérieux resserrement de la politique monétaire de la banque centrale américaine, la Fed.

Vers 09h55, Paris chutait de 1,51%, Londres de 0,73%, Francfort de 1,16% et Milan de 1,59%.

En Asie, Tokyo a lâché 2,88%, sa pire séance en plus de six mois, et Shanghai 0,25%. Hong Kong à de son côté pris 0,72%.

La Bourse de New York a terminé en forte baisse mercredi avec des pertes jusqu'à 3,34% pour le Nasdaq.

Ce revirement de tendance par rapport aux records atteints lors des premiers jours de l'année vient de la publication des minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), qui témoignent d'une volonté de s'attaquer de front à l'inflation.

Les membres de la Fed ont indiqué, dans un langage sans équivoque, qu'ils envisageaient désormais de relever plus tôt et plus souvent que prévu le taux directeur de l'institution.

L'inflation a continué d'accélérer en novembre aux Etats-Unis, pour s'établir à 5,7% sur un an, la plus forte hausse des prix depuis 1982.

En outre, il est désormais question dans le compte-rendu de la Fed d'entamer la réduction du bilan de l'institution dès après la première hausse de taux, ce qui a pris de cours les opérateurs.

Pour Michael Hewson, analyste chez CMC Markets UK, c'est bien cette dernière partie du compte-rendu qui a "effrayé les marchés (...) et a suscité une certaine anxiété", puisque cela retirerait des liquidités du marché.

Les taux d'intérêt sur le marché obligataire ont déjà bondi mercredi, et peuvent encore monter selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

Vers 09h50, le rendement de la dette américaine à 10 ans était de 1,73%, au plus haut depuis mars 2021, et celui de l'obligation d'Etat à 2 ans de 0,86%, au plus haut depuis le début de la pandémie.

"Les actifs à risque devraient donc attacher leur ceinture, car la Fed +faucon+ (qui opère un resserrement monétaire) devient le principal catalyseur de la tarification du marché", ajoute-t-elle.

Du côté des données macroéconomiques, les commandes passées à l'industrie allemande sont reparties à la hausse en novembre (+3,7%).

A l'agenda du jour figurent la première estimation de l'inflation en Allemagne en décembre, les prix à la production en zone euro en novembre et des données sur la production américaine.

La tech chute

Les valeurs de la tech, qui ont besoin de taux d'intérêt bas pour financer leur croissance, étaient délaissées par les investisseurs jeudi.

A Paris, Capgemini chutait de 3,48%, Dassault Système de 3,24% et Teleperformance de 3,04%.

A Francfort, Infineon reculait de 2,99%, SAP de 2,60% et, à Londres, Darktrace de 2,93%.

Le luxe en difficulté aussi

Les actions du secteur du luxe étaient elles aussi en forte baisse, les investisseurs limitant leur exposition à ces actifs qui ont enregistré de nettes progressions en 2021.

A Paris, Hermès cédait 3,36%, L'Oréal 3,25% et LMVH 2,96%.

A Londres, Burberry perdait 2,07% et à Milan, Montcler était en baisse de 3,94%.

Les banques à contre courant

A contrario, les valeurs bancaires, qui elles bénéficient de la hausse des taux d'intérêt, réussissaient à sortir la tête de l'eau ou au moins à limiter les pertes.

A Londres, Lloyds Banking prenait 0,77% à 81,07 pence et Standard Chartered 0,33% à 461,70 pence. A Francfort, Deutsche Bank était stable (+0,03% à 11,85 euros) et à Paris Société Générale gagnait 0,98% à 32,57 euros, après une acquisition dans le secteur du leasing.

Du côté du pétrole, de l'euro et du bitcoin

Les prix du pétrole reculaient légèrement jeudi. Vers 08H45 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars cédait 0,27% à 80,58 dollars. Celui du baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février lâchait 0,31% à 77,61 dollars.

L'euro reculait de 0,15% face au dollar, à 1,1298 dollar.

Le bitcoin perdait 1,49% à 42'960 dollars.

afp/jh