Les marchés actions européens ont continué à refaire le chemin perdu depuis le début de l'année, à l'image d'un CAC40 français qui ne cède plus que 6% en 2022. L'indice parisien limite même ses pertes à 3,5% en réintégrant les dividendes versés. C'est bien mieux que l'indice large Stoxx Europe 600, qui est toutefois passé sous la barre des -10% depuis le 1er janvier. Aux Etats-Unis, la séance était fériée hier pour la fête de Thanksgiving. Wall Street n'ouvrira que pour une demi-journée aujourd'hui, conformément à la tradition (la fermeture a lieu à 13h00 heure locale, 19h00 heure française). Je rappelle que les investisseurs ont décidé de considérer la bouteille à moitié pleine après avoir bu mercredi le compte rendu de la dernière réunion de la Fed. La banque centrale a en effet donné quelques signaux laissant penser qu'elle va modérer ses hausses de taux. La principale crainte des marchés actions actuellement est une période prolongée de resserrements monétaires qui aboutirait à des taux d'intérêts très élevés.

Le mois qui sépare Thanksgiving de Noël est traditionnellement propice aux indices boursiers. Il y a plein de raisons objectives et subjectives pour l'expliquer. L'une d'elles est que c'est une période de creux pour les résultats d'entreprises, et qu'il y a par conséquent moins de sources de surprises ou de déconvenues. D'ailleurs, est-ce que les résultats des entreprises ont de moins en moins d'influence sur leur parcours boursier, qui est de plus en plus dicté par le sentiment global des marchés ? Cette question, je me la pose depuis quelques temps mais je n'arrive pas à savoir si c'est parce que je suis vieux et largué ou si j'ai un pif incroyable. Par un curieux hasard, quelqu'un de beaucoup plus compétent que moi se l'est aussi posée. Et comme il est né à peu près la même année que moi, j'ose espérer que ce n'est pas parce qu'il est vieux. L'intéressé s'appelle Joachim Klement et je cite régulièrement ses travaux. Le stratège de Liberum a repéré une étude universitaire va dans ce sens.

Je vous fais grâce de l'explication détaillée, que vous pouvez retrouver ici parmi les écrits de Klement, pour aller directement à la conclusion : une approche simple de prévision des rendements basée sur une série chronologique d'évolution des bénéfices explique à peine 5 à 6% de la variation du cours des actions sur une période de douze mois qui suit l'annonce. Et alors qu'historiquement, la tendance systémique (en gros, le sens du vent) n'a pas joué un grand rôle sur le parcours des titres en bourse, ces quinze dernières années, elle est devenue une composante dominante. Les auteurs pensent que cela s'explique notamment par l'intégration des actifs incorporels à la valeur de marché à cause des changements des règles comptables. Klement y ajoute les ETF (l'investissement passif plus globalement). Mais voilà sa conclusion "les bénéfices des sociétés individuelles comptent de moins en moins par rapport à la tendance générale du marché et à la façon dont les investisseurs perçoivent cette tendance générale du marché". Finalement, la finance n'est pas si déconnectée du monde réel : c'est la forme, plus que le fond, qui importe vraiment.

J'en profite pour faire une petite digression d'actualité. En plus d'être un bon stratège financier, Klement est aussi un fan de foot qui a une petite aura dans le milieu sportif depuis qu'il a sorti, mi-sérieux, mi-amusé, un modèle économique pour prédire le nom du gagnant de la coupe du monde de football en 2014. Le fait est que son modèle a sorti l'Allemagne en 2014 et la France en 2018. Ce qui signifie qu'il est mathématiquement fiable à 100%... sur deux prédictions. Pour 2022, il pronostique une finale Argentine / Angleterre avec victoire des sud-américains. L'Argentine qui a pris un fort mauvais départ, mais sait-on jamais… Le stratège de Liberum en profite pour rappeler que le marché actions US sousperforme historiquement de 3,9% pendant les coupes du monde, tandis que les marchés des pays qui remportent un match ont tendance à faire mieux que d'habitude sur la séance qui suit. La main invisible du marché prend parfois de drôles de formes.

L'actualité financière du jour est assez mince, à cause de la fermeture des marchés américains hier. De surcroît, aucune statistique majeure n'est attendue. Si l'on fait abstraction de la publication du PIB allemand du troisième trimestre, qui est une seconde lecture de l'indice, donc moins impactante pour les investisseurs. Assez vite, les marchés vont se tourner vers les chiffres de dépense des consommateurs sur ce weekend très stratégique aux Etats-Unis, qui démarre avec le fameux "Black Friday" aujourd'hui (eh oui, même si on vous bassine, Zonebourse compris, avec le black Friday depuis des jours, la date officielle, c'est aujourd'hui) et qui se poursuivra lundi avec le "Cyber Monday". Je vous fais grâce des qualificatifs des jours suivants trouvés par les marketeux, qui finiront un jour par nous tapisser chaque jour du calendrier jusqu'à Noël avec des noms ronflants.

Pour leur dernière séance de la semaine, les marchés d'Asie Pacifique sont bien partis pour terminer en ordre dispersé. La baisse l'emporte au Japon et en Corée du Sud, mais de façon modérée, tandis que la Chine n'arrive pas à se mettre d'accord entre Hong Kong (-0,7%) et Shanghai (+0,5%). L'Australie, sans faire trop de bruit, enchaîne une quatrième séance de (modestes) gains. En Europe, les indicateurs avancés évoluent mollement autour de l'équilibre, faute de pouvoir se caler sur la clôture de Wall Street. Le CAC était proche de l'équilibre à 6708 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

L'Allemagne a publié à 8h00 une seconde estimation de son PIB du T3. Tout l'agenda macro ici.

L'euro reste ferme à 1,0417 USD. L'once d'or se maintient autour de 1757 USD. Le pétrole est en légère hausse, avec un Brent de Mer du Nord à 85,60 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,49 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se détend encore à 3,65%. Le bitcoin recule à 16 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adevinta : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 85 NOK.
  • Carlsberg : SEB Equities passe d'acheter à conserver en visant 980 SEK.
  • Cicor : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 55 à 60 CHF.
  • Deutsche Bank : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 14 EUR.
  • Elekta : Handelsbanken passe de conserver à acheter.
  • Grifols : Crédit Suisse reprend le suivi à neutre en visant 10 EUR.
  • Johnson Matthey : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 2300 à 2400 GBp.
  • Julius Bär : RBC reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 59 à 63 CHF.
  • K+S : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 23 à 25 EUR.
  • Lloyds : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 57 GBp.
  • NatWest : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 290 GBp.
  • Rockwool : Handelsbanken passe de vendre à conserver.
  • Royal Vopak : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 24,50 à 30 EUR.
  • SGS : Barclays passe de surpondérer à souspondérer en visant 2250 CHF.
  • SoftwareOne : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 15 à 15,50 CHF.
  • Unifiedpost : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 24 à 6 EUR.
  • Vistry : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 840 à 760 GBp.
  • Wacker Neuson : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 29 à 22 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Saint-Gobain signe un contrat "majeur" d'approvisionnement en énergie verte en Espagne.
  • Stellantis va remanier son réseau de concessionnaires dans toute l'Europe à partir de juillet 2023.
  • Moody's relève la perspective de la note crédit "A1" de LVMH à positive en raison d'une solide performance opérationnelle.
  • Alstom lance une nouvelle opération d’actionnariat salarié.
  • OVH reçoit 200 M€ de financement de la BEI.
  • Eramet et Comilog signent avec l'Etat Gabonais un accord de cession du gisement de Mabounié.
  • Roche Bobois vers un acompte sur dividende.
  • Eutelsat nomme Christophe Caudrelier au poste de directeur financier. Par ailleurs, le groupe fait l'objet d'un procès en France pour la diffusion de chaînes russes.
  • Acheter-Louer propose une offre de création d'agence immobilière dans le métavers.
  • Autres publications : Laurent-Perrier, Amplitude Surgical

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • L'Allemagne prévoit une taxe d'aubaine pour les producteurs d'énergie propre.
  • The Saudi National Bank actionnaire du Crédit Suisse à hauteur de 9,9%, après que la banque a bouclé une augmentation de capital de 4 MdsCHF.
  • Adidas enquête sur l'inconduite présumée de Kanye West suite à la pression des investisseurs
  • Ford rappelle 634 000 SUV à cause d'un risque d'incendie du moteur.
  • Plus de 20 000 employés quittent l'usine d'assemblage d'iPhone de Foxconn (Hon Hai Precision) en Chine.
  • La Deutsche Bank fait l'objet d'un procès aux États-Unis en raison de ses liens avec Epstein.
  • Tesla rappelle plus de 80 000 véhicules en Chine.
  • Svenska Cellulosa, ThyssenKrupp et Rockwool tiennent une journée investisseurs.
  • Zur Rose ferme son centre de logistique allemand Eurapon.
  • Principales publications du jour : Elia, Oberbank, Cathay PacificTout l'agenda ici.

Lectures