PARIS (awp/afp) - Après une nouvelle semaine de gains, et confortées par de premiers signes encourageants en provenance de Chine, la Bourse de Paris et ses homologues européennes devraient être absorbées dans les prochains jours par les résultats d'entreprises.

"Nous avons des marchés qui continuent de progresser avec toujours beaucoup d'appétit pour le risque de la part des investisseurs, même si les volumes restent relativement faibles", souligne auprès de l'AFP Benoit Peloille, stratégiste chez Vega IM.

Le CAC 40 a renoué cette semaine avec ses niveaux de fin mai 2018, quand le Dax et le FTSE-100 ont atteint des plus hauts depuis octobre 2018.

Le prudence est toutefois de mise à court terme, tempère M. Peloille, d'autant que "le marché est en hausse à deux chiffres depuis le début de l'année" et "que beaucoup de bonnes nouvelles sont probablement déjà intégrées".

"Toute cette hausse repose sur des attentes fortes" pour le second semestre et donc quand celles-ci se concrétiseront, les opérateurs de marché ayant profité de l'ascension n'auront aucun intérêt à rester investis, juge pour sa part auprès de l'AFP Cyrille Collet, directeur de la gestion quantitative actions chez CPR-AM.

Un accord commercial entre les États-Unis et la Chine est, de ce point de vue, "la dernière bonne nouvelle à venir pour les marchés sur le court terme", selon M. Peloille.

La forte baisse des marchés en novembre et décembre, l'espoir d'une issue positive à la guerre commerciale sino-américaine et enfin "le fait que les investisseurs aient (...) anticipé un second semestre meilleur sur le plan économique que le premier" expliquent, pour M. Collet, la progression des actions depuis janvier.

Mais l'élément le plus déterminant de cette hausse a été le "changement de discours des banques centrales", qui ont pris un virage très accommodant, rappelle M. Peloille.

La microéconomie à l'honneur

Reste qu'à court terme, "c'est surtout le discours microéconomique qui va dominer", poursuit-il.

Les résultats d'entreprises ne présentent pas "de gros enjeux puisque les attentes de croissance de bénéfices entre le premier trimestre 2019 et le premier trimestre 2018 sont en moyenne négatives aux Etats-Unis et en Europe", estime néanmoins M. Collet.

Les publications de nombreux poids lourds de la cote sont attendues la semaine prochaine, écourtée en raison du lundi de Pâques, à Paris (Carrefour, Casino, Dassault Systèmes, PSA, Renault, Saint-Gobain, Hermès, Safran, Total, Capgemini, Air liquide), Londres (Barclays, WPP) et Francfort (SAP, Daimler, Deutsche Bank).

L'autre élément suivi par le marché, ce seront "tous les signes qui nous viennent du secteur industriel européen", avec un "début de stabilisation" mais "essentiellement sous l'effet des pays émergents et en particulier de la Chine", juge M. Peloille.

Pour preuve, la croissance de l'activité privée dans la zone euro a de nouveau ralenti en avril, au plus bas depuis trois mois, en raison notamment de la contraction du secteur manufacturier.

La croissance de l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis) a également marqué le pas ce mois-ci.

Mais un peu plus tôt dans la semaine, la bonne surprise est venue de Pékin, avec une croissance chinoise qui s'est stabilisée à 6,4%, une production industrielle qui a progressé encore davantage et des ventes de détail solides au premier trimestre sur un an.

"Ces statistiques montrent que les autorités chinoises sont parvenues à stabiliser le cycle", selon M. Peloille.

L'agenda sera également dense la semaine prochaine, avec des statistiques sur le logement, les commandes de biens durables pour mars et la confiance des consommateurs pour avril aux Etats-Unis, avant celles du PIB du premier trimestre.

La France publiera aussi ses données sur le climat des affaires et le moral des ménages pour avril.

En Allemagne, les opérateurs surveilleront le baromètre Ifo du moral des entrepreneurs pour le mois d'avril sur fond de ralentissement de la conjoncture, le ministère de l'Economie allemand ayant sabré mercredi ses prévisions de croissance pour 2019.

Comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni a enregistré ce jeudi un bond de ses ventes au détail en mars, résistant au climat de déprime politique autour du mélodrame du Brexit.

"Le scénario du +no deal+ semble complètement écarté" dans l'esprit du marché, relève M. Collet. "Le marché rebondit, anticipant probablement une stabilisation du cycle industriel mais est-ce que cela va permettre de le tirer encore plus haut? Nous en doutons car nous manquons tout de même de catalyseurs."

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