Zurich (awp) - Le franc a atteint ces derniers jours son plus haut niveau depuis le début de l'année face à l'euro, mais il s'est aussi passablement apprécié par rapport à d'autres devises, notamment le dollar.

Lundi en fin de matinée, l'euro s'échangeait à 1,0685 franc, après être tombé vendredi à 1,06435 franc. Le dollar se négociait quant à lui 0,9175 franc, alors qu'il valait plus de 94 centimes en avril.

Il y a plusieurs raisons à cela: contrairement aux Etats-Unis ou à la zone euro, l'inflation en Suisse est beaucoup plus faible ou a augmenté moins fortement. Et les devises des pays à forte inflation se déprécient par rapport à celles des pays à faible inflation, a rappelé lundi dans une note Thomas Stucki, directeur des investissements (CIO) de la Banque cantonale de St-Gall (SGKB).

Cela signifie également que les taux d'intérêt réels en Suisse sont désormais plus élevés qu'à l'étranger. "L'appréciation du franc au cours des dernières semaines ne doit pas être surinterprétée et surévaluée", fait néanmoins remarquer l'économiste, tout en soulignant le rôle de la devise helvétique comme valeur refuge lors de troubles économiques et politiques.

Une analyse partagée par Valiant, qui ne voit pas de raison évidente ou nouvelle à l'appréciation récente du franc, qui juge ce dernier alléchant au vu de la faible inflation et des taux d'intérêt réels plus élevés qui en découlent. "C'est le cas depuis longtemps", mais avec la recrudescence des craintes de stagflation, cet argument semble gagner en force.

BNS toujours active sur le marché

Un franc plus fort apporte également de l'eau au moulin de la Banque nationale suisse (BNS) dans sa lutte contre l'inflation, exacerbée par le renchérissement de l'énergie et des matières premières et les difficultés dans les chaînes d'approvisionnement. En effet, si le franc se raffermit face au dollar, la hausse des prix du pétrole en Suisse, par exemple, aura un impact moindre, explique M. Stucki.

Mais dans le même temps, l'institut d'émission veut éviter une appréciation rapide du franc qui pèserait sur l'économie helvétique, toujours en phase de convalescence après la crise sanitaire, poursuit le CIO, qui rappelle que ses dirigeants ne manquent pas une occasion de rappeler sa disposition à intervenir sur le marché des devises.

Ce qu'elle fait effectivement, comme en témoignent les statistiques hebdomadaires sur ses dépôts à vue. La semaine dernière, ces derniers ont encore enflé d'un milliard de francs suisses pour atteindre 715,3 milliards, atteignant le niveau le plus élevé depuis juin 2021.

L'évolution des avoirs à vue est considérée comme un indice permettant de savoir si le garant de la stabilité monétaire intervient sur le marché des changes pour affaiblir le franc. La BNS achète des devises étrangères et crédite les banques du montant correspondant en francs suisses sur leurs comptes auprès d'elle.

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