Alstom, depuis le temps qu'on l'attendait ! 

J'entends souvent dans l'équipe des commentaires du type "je comprends pas pourquoi ce dossier, avec les qualités qu'il a, ne décolle pas", ou "telle entreprise est vraiment décotée depuis longtemps et rien ne se passe". Quand on ne comprend pas trop ce qui se passe, il est de bon ton de de mettre le tampon "Dossier Value", de dire que "c'est vraiment pas cher" et d'indiquer au lecteur ou à l'interlocuteur "ce n'est pas très risqué" ou quelque chose du genre. Il y a aussi des sociétés cotées qui échappent ponctuellement à toute logique, du moins à toute logique apparente. Prenons le cas d'Alstom. J'avais dédié un article à l'entreprise l'année dernière dans la rubrique "fallait pas l'inviter". Si vous voulez vous épargner la relecture, disons que j'expliquais que l'industriel coche toutes les cases théoriques pour être adulé par le marché (ESG, Industrie, oligopole, marque forte…), mais que c'est une trappe à valeur horrible depuis des années.

Et bien Alstom vient de nous gratifier d'un avertissement XXL en expliquant que, finalement, sa grosse entrée de cash-flow libre de l'année sera en fait une grosse sortie. Le titre se fait logiquement dézinguer (-30% a priori quand il pourra coter, ce qui n'est pas encore le cas au moment où j'écris). Mon expérience me pousse à croire désormais que quand rien n'a l'air de clocher, c'est que quelque chose cloche mais qu'on ne le sait pas. Ou plus précisément que certains le savent parce qu'ils ont perçu quelque chose et pas les autres. Sur Alstom, j'imagine qu'il faut féliciter Vladimir Sergievskii chez Barclays, le seul analyste négatif sur le dossier. Voici sa dernière prose sur le dossier : "je vois une déconnexion entre une valorisation élevée d'une part, et une activité irrégulière/challengée, des vents contraires au FCF, une baisse par rapport au consensus, un bilan endetté et une notation de crédit potentiellement vulnérable d'autre part… Tout faux pas éventuel (s'il devait se produire) risque d'avoir un impact énorme sur les actions".

Quelqu'un s'attaque enfin aux financements dilutifs (indice : pas en France)

Le juteux business des sociétés moribondes financées par des instruments dilutifs, que nous avons dénoncé à moult reprises mes collègues et moi sans grand retentissement il faut bien l'avouer, va peut-être trouver un adversaire plus coriace avec les autorités italiennes. Ça brasse pas mal depuis quelques semaines de l'autre côté des Alpes avec un intermédiaire bien connu de la spécialité, Negma. En France, le régulateur a régulièrement botté en touche sur la question alors que la liste des entreprises zombies qui tondent les petits porteurs ne cesse de s'allonger. Peut-être le moment de se réveiller ?

Oubliez le Nasdaq, allez à Séoul

Il n'y a pas qu'aux Etats-Unis que les investisseurs font n'importe quoi lors des introductions en bourse. Doosan Robotics, la plus grosse IPO de l'année en Corée du Sud, a suscité un tel engouement que l'action cotait 67 600 KRW (won sud-coréen) au plus fort de la séance de ce matin. Le truc, c'est que les actions avaient été vendues à 26 000 KRW pièce. Ce qui fait 160% de hausse quand même. Alors de deux choses l'une : soit les banquiers d'affaires sont complètement nuls en valorisation. Soit les investisseurs sont complètement tarés. J'ai mon idée. Doosan Robotics est spécialisé dans les robots dits "collaboratifs" qui sont capables de travailler avec les humains pour alléger leurs tâches.

Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés

La fièvre qui s'est emparée des taux obligataires a entraîné une grosse correction sur certains compartiments du marché actions européen, même si les taux longs du vieux continent n'ont finalement que peu flambé. Ce sont les taux américains qui ont mis le feu aux poudres. AlphaValue souligne que les marchés ont eu une "réaction instinctive à l'égard des services publics car ils sont considérés comme des actifs à long terme", donc sur-sensibles aux tensions obligataires. Par exemple, Enel a payé cher sa dette nette élevée et son drapeau italien. National Grid et Engie sont aussi des victimes expiatoires. Plus étrange, les assureurs ont aussi trinqué, même si AlphaValue ne voit pas trop pourquoi. Pour les télécoms, la punition se justifie par leurs grosses dettes, qui en font les cibles idéales du marché dans une telle configuration. Enfin, les opérateurs d'infrastructure ont complété le tableau, mais c'est essentiellement "parce que la France a ajouté des taxes aux concessionnaires d'aéroports et d'autoroutes afin de sauver son budget 2024". AlphaValue pense qu'il y a des opportunités de trading à court terme dans au moins ces quatre secteurs.