Cette profitabilité inhabituelle pour un groupe de médias est permise par le moindre coût de la main d'oeuvre éditoriale — il peut sans peine recruter des plumes inexpérimentées pour commenter l'actualité sportive — et les généreuses commissions reversées par les plates-formes de paris en ligne, qui comptent sur Better Collective pour orienter vers elles son lectorat.

En dix ans, le groupe est passé de quasiment zéro à €300 millions de chiffre d'affaires. Il revendique désormais près de cent millions de lecteurs via ses différentes franchises telles SoccerNews, Futbin ou VegasInsider. 

Malgré des profits d'exploitation pré-amortissements — ou EBITDA, c'est-à-dire des profits d'exploitation retraités du coût des investissements — épatants, Better Collective n'a toutefois pas encore démontré sa capacité à durablement générer des profits cash, ou "free cash-flows". 

Quant au non moins épatant rythme de croissance annualisé — 46% sur la précédente décennie — il a été largement soutenu par les diverses acquisitions du groupe, qui faute de profits suffisants s'est donc reposé sur des augmentations de capital pour les financer. La bonne nouvelle, reconnaissons-le, est que ces investissements de croissance externe semblent avoir été très bien intégrés.

La question avec ce type de modèle est toujours de savoir si le rythme de croissance est soutenable hors acquisitions ; et si, à périmètre comparable, les opérations peuvent rester durablement profitables et générer des profits redistribuables aux actionnaires. 

Si l'on choisit de se référer aux seuls multiples d'EBITDA — une démarche qui fait sens tant Better Collective représente une cible d'acquisition évidente — la valorisation du moment de seulement x11 l'EBITDA attendu en 2023 et de x9 l'EBITDA projeté pour l'an prochain est inférieur à la moyenne historique de valorisation du groupe, qui oscille entre x10 et x15 l'EBITDA. 

Ces éléments méritent l'attention des investisseurs familiers du secteur des paris en ligne. Au niveau de l'actionnariat, bon point, on note que les deux fondateurs du groupe — qui contrôlent conjointement 40% du capital — n'ont pas cédé de titres ces derniers trimestres.