Qu'on s'imagine qu'il y a dix ans, lors de la nomination de Tim Höttges, le board lui avait confié la mission de quitter les Etats-Unis ! 

L'intéressé fut donc bien inspiré de faire précisément l'inverse. Après avoir investi lourdement dans son réseau — quand AT&T et Verizon se saignaient pour assurer leurs dividendes — Deutsche rachetait l'opérateur Sprint. T-Mobile US devenait ainsi le second opérateur américain avec 114 millions d'abonnés, et une qualité de service reconnue comme supérieure à ses pairs.  

Pendent que les opérateurs européens — victimes d'une concurrence trop foisonnante — voyaient leurs chiffres d'affaires plafonner et leurs marges se réduire, Deutsche Telekom, au contraire, assurait une croissance de ses ventes et de ses profits.

Une caractéristique fondamentale de Deutsche par rapport à ses pairs américains comme européens reste sans doute son approche prudente par rapport au sacro-saint dividende. Le groupe en distribue en effet beaucoup moins que ses rivaux, ce qui le positionne de manière avantageuse à la veille d'un nouveau cycle d'investissements majeur pour le secteur. 

Il n'est pourtant pas moins endetté, et à ce titre des cessions d'actifs sont à prévoir. Jamais la langue dans sa poche, Höttges  soulignait qu'il ne faisait guère de sens de "continuer à monter des chevaux moribonds." L'an passé, Deutsche renflouait déjà les caisses en cédant 51% de son infrastructure réseau — GD Towers — à un consortium emmené par Brookfield. 

L'autre grande chance de l'allemand, c'est que son concurrent historique sur son marché domestique — Vodafone, discuté hier dans cette rubrique — a multiplié les faux-pas, même s'il semble désormais résolu à corriger le tir. 

La féroce concurrence qui caractérise le marché des telecom en Europe n'est donc pas prête de marquer le pas.