Un partenaire positionné entre des clients mondiaux et des fournisseurs chinois pour l’essentiel (source : société) 

Cyril Calvignac, après vingt ans de croissance organique, Icape opère une consolidation active de son marché depuis 2021. Pourquoi ce changement de stratégie ?

"Notre métier est relativement récent puisque la plupart des acteurs actuels sont nés, comme nous, à partir de la fin des années 1990. Les vingt premières années, nous avons mis en place une organisation tournée vers la croissance organique (NDLR : 19% de CAGR) en pratiquant des tarifs agressifs au détriment de notre marge brute, laquelle fluctuait autour des 19% ces dernières années. Ce niveau de marge n’est pas spécialement bas par rapport à nos petits concurrents, mais notre puissance d’achat nous a permis de négocier des tarifs au service de la conquête commerciale. Depuis l’été 2021, nous avons décidé de privilégier le contrôle des marges et de mettre notre organisation au service de la consolidation d’un secteur extrêmement atomisé puisque nous ne sommes qu’une poignée d’acteurs importants à travers le monde sur un marché essentiellement constitué d’acteurs réalisant quelques millions voire dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires sur la distribution de circuits imprimés. Nous avons opéré ce virage stratégique à un moment où, démographiquement, ces sociétés nées il y a une vingtaine d’années ont souvent des transitions managériales à opérer et où les fournisseurs chinois ont beaucoup grossi et traitent plus facilement avec des gros intermédiaires comme nous. Le succès de l’acteur suédois NCAB, coté depuis l’été 2018, nous a également montré la voie..."

Quel est votre mode opératoire en matière d’acquisitions ? Peut-on déjà considérer que cette stratégie est un succès ?

"Oui. Notre politique d’activation des synergies liées à la massification des achats est rapide. Le Groupe est parvenu à améliorer la marge brute du périmètre historique et le périmètre acquis a eu un effet relutif car nous privilégions les cibles à haut niveau de marge brut, c’est-à-dire plus de 25%. La mise en place des synergies d’achat post-acquisition est très rapide, d’une durée de 1 à 2 mois. Ainsi, notre marge brute est passée de 17.8% en 2021 à 22.6% en 2022. Viennent ensuite les synergies d’optimisation des coûts au niveau des dépenses opérationnelles (regroupement de bureaux d’achat, efficacité organisationnelle et optimisation des frais généraux) qui sont mises en place en maximum quatre mois. Enfin, les synergies commerciales (amélioration du pricing power, diversification produits et clients) dopent notre croissance organique qui s’est établie à 12% cette année pour un résultat opérationnel courant de 10M€ matérialisant un gain de marge de 2 points, à 4.6%. A noter que notre profitabilité 2021 avait été pénalisée par le recrutement d’environ 70 personnes en préparation de l’accélération des acquisitions et de l’introduction en Bourse. Nous avons en effet identifié 500 entreprises à travers le monde, dont une centaine que nous avons contactées car elles réalisent moins de 20 M€. Nous sommes entrés en discussion avec une vingtaine et 8 sont actuellement en discussion avancée. Nous rachetons en principe 100% du capital avec un complément de prix lié aux résultats futurs, en maintenant le management en place si possible. Nous mettons en avant auprès de ces cibles notre présence sur place en Chine, ce qui n’a rien d’évident depuis la crise sanitaire, et une capacité d’achat auprès de fournisseurs qui ont beaucoup grossi depuis quelques années. Cela explique pourquoi l’intermédiation, avec les besoins de diversification des sources d’approvisionnement ailleurs en Asie, progresse de façon structurelle. Depuis quelques années déjà, nous prospectons en Thaïlande, Vietnam, etc. afin de diversifier notre sourcing. Des acquisitions en dehors d’Europe, notre territoire d’acquisition naturel, sont au programme des prochains semestres."

De quels moyens financiers disposez-vous pour poursuivre cette consolidation du marché sachant que vous n’avez levé que 17.4M€ sur les 40 M€ visés lors de l’introduction en Bourse ?

"En 2022, nous avons acquis 35M€ de CA pour une vingtaine de millions d’euros. Nous visons 30 M€ de CA acquis en 2023, ce qui devrait mobiliser une enveloppe de maximum vingt millions d’euros finançables par l’endettement compte tenu d’un ratio DFN/EBITDA de 0.65x à fin 2022. Au-delà de cette enveloppe, un nouvel appel au marché sera privilégié, conformément à ce que nous souhaitions faire au début de notre processus d’introduction en Bourse qui a malheureusement été perturbé par l’invasion de l’Ukraine. Rappelons également notre souhait de mener une politique de distribution durable de 30% du résultat net. Le Conseil d’Administration du Groupe proposera ainsi à l’Assemblée générale qui se tiendra le 16 mai 2023 la distribution d’un dividende de 0,20€ par action le 13 juin prochain."

Des objectifs 2026 ambitieux et précis (source : société)