En dollars américains, JD réalise un profit de $5 milliards sur les douze derniers mois, mais sa valeur d'entreprise n'est que de $23 milliards — un multiple de moins de cinq fois les profits donc, pour un groupe qui a multiplié son chiffre d'affaires par quinze en dix ans.

Vu sous un autre angle, le titre évolue actuellement à un niveau de cours comparable à celui où il était il y a dix ans, alors qu'entre-temps JD a multiplié son profit annuel par soixante. En parallèle, le groupe défend un véritable bilan-forteresse, sans dettes et avec une montagne de cash en excès. 

Une tel paradoxe ne peut qu'à nouveau mettre en évidence le profond désintérêt — voire le dégoût — des investisseurs pour le marché chinois. 

JD n'est pas le seul dans cette situation. Cependant, des comparables comme Alibaba, YY ou FinVolution ont tous lancé des programmes de rachats d'actions massifs pour en tirer avantage, ce à quoi le groupe de e-commerce semble tarder à se résoudre. 

Une annonce en ce sens ferait assurément office de signal positif. Comme Alibaba discuté dans cette rubrique il y a quelques semaines, JD a curieusement empilé ses profits — des montagnes de cash — au bilan au fil des ans. 

Ceci inciterait presque à la méfiance : pourquoi rester assis sur un tel trésor de guerre, et ne pas avoir plus tôt décidé de retourner du capital aux actionnaires ? 

La croissance météorique de JD a par ailleurs nécessité moins d'investissements qu'on ne pourrait l'imaginer de prime abord. Faut-il vraiment tout croire dans les comptes sans réserves ni précautions ? 

Ces questions restent en suspens, en sus des autres risques bien connus : économie chinoise en récession après quatre décennies de surchauffe ; gouvernement dictatorial et imprévisible ; structures offshores opaques ; pratiques comptables douteuses et fraudes à répétition ; etc. 

Garde-fou potentiel dans le cas de JD : l'implication de Walmart, qui détient 4.6% du capital.