par Gus Trompiz

PARIS, 13 février (Reuters) - Les exportations françaises de vins et de spiritueux ont chuté l'année dernière par rapport à leur pic post-COVID, alors que l'inflation a érodé la demande et que les distributeurs sur le marché américain ont liquidé leurs stocks, montre mardi le bilan de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).

Les vins et spiritueux sont l'une des principales sources d'exportation de la France et le secteur est devenu de plus en plus dépendant des ventes à l'étranger, le déclin de la consommation intérieure ayant frappé certaines zones de production comme Bordeaux, contribuant ainsi à la grogne des agriculteurs.

Les exportations françaises totales de vins et spiritueux ont rapporté 16,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière, en baisse de 5,9% par rapport au niveau record de 2022, a indiqué la FEVS dans son bilan annuel.

Le groupe industriel estime cependant qu'il s'agit d'un "atterrissage en douceur" car les ventes en 2023 ont affiché la deuxième meilleure performance historique du secteur à l’export.

La baisse des volumes exportés est cependant plus marquée, avec un recul de 10,4% à 174,5 millions de caisses l'année dernière.

Aux Etats-Unis, de loin le premier marché d'exportation des vins et spiritueux français, les déstockages des distributeurs ont contribué à une baisse de 22% des importations en provenance de France, à 3,6 milliards d'euros.

"L'essentiel du retrait en valeur des exportations en 2023 par rapport à 2022 vient de la zone américaine", a déclaré à Reuters le président de la FEVS, Gabriel Picard.

En Chine, où l'économie chancelante a douché les espoirs d’une hausse de la demande globale après la fin des restrictions liées au COVID-19, les importations françaises ont diminué de plus de 6,3% à 1,2 milliard d’euros.

Mais la réouverture de lieux tels que les bars et les restaurants a favorisé une légère augmentation des ventes de spiritueux dans le pays, notamment de cognac.

"Les attentes étaient supérieures à la réalité mais la réalité était équivalente à 2022", a commenté Gabriel Picard en parlant de la Chine.

Pour 2024, les vins et spiritueux sont confrontés, comme d'autres secteurs, à l'incertitude économique et politique mais la fin de la phase de déstockage sur le marché américain est une source d'optimisme, a-t-il ajouté.

Le lancement par la Chine le mois dernier d'une enquête anticoncurrentielle sur les eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées de l'Union européenne, constitue cependant un risque. De même qu'un potentiel retour à la tête des Etats-Unis de Donald Trump, qui avait précédemment imposé des taxes sur les vins européens.

"Nous avons plus que jamais besoin du soutien des pouvoirs publics, qui ne doivent pas considérer les bons résultats à l'export des vins et spiritueux comme un acquis immuable." (Reportage Gus Trompiz ; version française Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)