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par Gilles Guillaume et Nick Carey

LONDRES, 6 février (Reuters) -

Renault et Nissan vont détailler lundi leur nouvelle alliance et lever les zones d'ombre qui demeurent sur leur très attendu accord, notamment la participation de Nissan à la future entité de véhicules électriques de Renault et les conditions du rééquilibrage capitalistique entre les deux partenaires.

Le constructeur automobile français et son associé japonais ont annoncé le mois dernier

avoir trouvé un accord

pour restructurer leur alliance fondée plus de vingt ans plus tôt. L'accord doit s'accompagner de nouveaux projets communs et de la promesse de Nissan d'étudier un investissement dans la nouvelle entité électrique de Renault, "Ampère", au coeur de la stratégie du groupe au losange.

Cette annonce, après un an de discussions qui se sont intensifiées ces quatre derniers mois, a été compliquée par les inquiétudes de la partie japonaise sur la protection des brevets technologiques apportés par Nissan à l'alliance, alors que Renault multiplie de son côté les partenariats avec d'autres acteurs de l'automobile et de la tech.

L'accord, validé dimanche soir par

le conseil d'administration de Renault

réuni en digital, prévoit notamment une réduction de la participation du groupe français dans Nissan, à 15% contre 43% environ aujourd'hui. Le conseil d'administration de Nissan doit pour sa part se prononcer tôt lundi matin.

Renault placera 28% de Nissan dans une fiducie française en attendant de vendre ses titres, mettant les deux partenaires sur un pied d'égalité réclamé depuis longtemps, notamment au Japon.

"Il n'y a pas un mot sur ce qui va arriver à ces actions dans la fiducie", commente Christopher Richter, analyste chez CLSA. "Que Nissan les rachète serait, à mes yeux, la meilleure chose à faire pour toutes les parties impliquées."

Christopher Richter attend des précisions sur le tour de table et la valorisation future d'Ampère, le constructeur automobile français risquant, selon lui, d'avoir du mal à lever des fonds car la marque Renault n'est pas encore considérée comme une marque forte.

"C'est pour cela qu'ils vont pousser Nissan à payer beaucoup, voire trop", ajoute-t-il.

La valorisation finale de l'entité pourrait ne pas être connue avant la fin de l'année, voire début 2024, horizon estimé pour l'introduction en Bourse d'Ampère si les conditions de marché sont favorables.

La relation capitalistique déséquilibrée, qui remonte au sauvetage de Nissan par Renault, a longtemps été une source de friction entre les deux groupes, Nissan étant nettement plus grand que Renault par les ventes. L'alliance, ébranlée en 2018 par l'éviction de Carlos Ghosn, qui l'a longtemps incarnée, compte un troisième membre, Mitsubishi, qui les a rejoint plus tard.

Christopher Richter, de CLSA, pense que la nouvelle structure permettra aux sociétés membres de mieux travailler ensemble dans la R&D, de partager davantage les coûts ainsi que de nouveaux produits, "avec un peu moins de rancoeur".

Il note toutefois que Honda et General Motors ont bâti eux aussi un partenariat qui inclut un co-développement de véhicules électriques low cost sans avoir à nouer des liens capitalistiques.

"On peut presque se demander à quoi bon garder des participations croisées l'un dans l'autre, même réduites", estime-t-il. (Avec David Dolan et Maki Shiraki à Tokyo, édité par Kate Entringer)