Gisements prolifiques ou pas, l'expérience prouve que l'exploitation du bassin du Permian n'est rentable qu'à condition que les cours du pétrole et du gaz naturel évoluent dans la fourchette haute de leurs moyennes historiques.

C'est encore le cas en 2023, même si l'année est autrement moins lucrative que 2022. Sur les neuf premiers mois, le cours d'un équivalent baril — soit une moyenne des cours du pétrole, du gaz et des liquides — réalisé par Pioneer atteignait $50, contre $72.5 l'année dernière dernière à la même époque.

Dans ce contexte, la compagnie a généré $2.5 milliards de profits cash — ou "free cash-flow" — sur les neuf premiers mois de l'année, contre $5.7 milliards l'année dernière à la même époque. Ceci, malgré un volume de production nettement supérieur. 

Pioneer valorise ses réserves prouvées à $40 milliards net de dettes. Exxon annonçait le mois dernier acquérir la compagnie pour une valeur totale de $59.6 milliards, ou $253 par action — contre un cours du titre de $234 à date de rédaction de cet article. 

La transaction devrait aboutir dans les sept prochains mois. Elle permettra à Exxon de doubler son empreinte dans le Permian et ses gisements dits "non-conventionnels".

C'est sans doute ce qu'il pouvait arriver de mieux à Pioneer. Sur le cycle long, la compagnie — qui produit cette année 721 000 équivalents baril par jour, dont une moitié de pétrole — n'aura somme toute délivré qu'une piteuse rentabilité sur ses investissements de développement. 

Quant au Permian, comme on pouvait s'y attendre, il est désormais le théâtre d'une consolidation à marché forcée menée par les majors — dont Exxon, Chevron et Occidental. Les producteurs intermédiaires en sont donc réduits à espérer un destin à la Pioneer.

Les opérations de M&A se sont accélérées ces derniers temps dans le secteur des hydrocarbures. Pour les juniors qui ont survécu aux dernières années difficiles, il s'agit donc de ne pas rater le train en marche.