Société de services numériques fondée en 2000, Sword se distingue par sa clientèle prestigieuse et une politique assumée de maximisation du retour à l’actionnaire. Des choix qui se traduisent année après année par une croissance organique et des marges exemplaires pour le secteur. Nous avons fait le point avec Jacques Mottard à l’occasion d’une publication trimestrielle encore une fois spectaculaire. 

Jacques Mottard, Sword a généré une croissance organique de 29% au T3, nettement supérieure aux attentes des analystes et aux prévisions annuelles du groupe qui relève sa prévision annuelle de CA - hors cession de GRC - à 260 M€, contre 250M€ auparavant. Comment faites-vous ? 

"La cession de la France fin septembre 2020 a boosté nos indicateurs de performance, la croissance organique principalement. Notre carnet de commandes, qui tourne autour de deux ans depuis quelques années maintenant, a pu être réduit par le recrutement de jeunes talents à l’international. L’ambiance sur le marché du travail français n’est pas représentative de ce qui se passe ailleurs, et heureusement. Je pense par exemple à l’excellente impression que m’ont fait récemment nos jeunes équipes d’ingénieurs grecques que j’ai visitées."

Cela tient également de la dynamique propre à votre type de clientèle …

"Il est vrai que notre positionnement fort sur le secteur de l’Oil and Gaz au Royaume-Uni, qui a fait l’objet d’investissements importants depuis quelques années, se traduit par un carnet de commandes inédit qui nous assure une grande visibilité. Par ailleurs, l’ensemble de nos prestations réalisées auprès de différentes entités de l’Union-Européenne, qui totalise environ 30% de notre chiffre d’affaires, est peu sensible à la conjoncture économique. Cette business unit offre une forte visibilité grâce à des commandes qui s’étendent jusqu’à 2030. La visibilité et le prestige de ces contrats favorise les recrutements. Au 30 septembre, nos recrutements bruts s’élevaient déjà à 583 personnes, contre 506 personnes sur toute l’année 2021. Notre turnover est faible, autour de 10%, car nous respectons nos collaborateurs et les payons bien. Au passage, je ne mise pas lourd sur l’avenir du télétravail qui tôt ou tard réduit le temps de travail et la productivité. C’est humain ! Je crois davantage aux bureaux de proximité ou au coworking. Le succès du télétravail tient en partie aux tensions sur le recrutement, mais les vagues de licenciement de la part des géants de la technologie américaine pourrait amorcer un retour à la normale en 2023. Enfin, et c’est important, notre développement s’appuie sur des responsables de filiale, environ 80, directement intéressés aux résultats de leur entité."

Synthèse des indicateurs clé du Groupe Sword (source : société)

En revanche, le groupe a publié une marge d’EBITDA stable à 12.2% à périmètre comparable et maintenu sa prévision d’une marge d’EBITDA 2022 autour de 12%. Pourquoi ne constate-t-on pas d’effet de levier opérationnel sur vos marges ?

"Notre forte croissance s’accompagne de recrutements importants. L’intégration et la formation de nouveaux collaborateurs, même si cela rajeunit la moyenne d’âge qui se situe aujourd’hui à 31 ans, pèse sur les marges à court terme. Voilà pourquoi, actuellement, notre marge est stabilisée à 12%. Elle remontera quand la croissance sera moins forte."

Comment voyez-vous 2023 ?

"Il y a de tels besoins dans notre secteur, notamment quand on a des gouvernements du monde entier comme client, que nous ne ne craignons pas un manque de demande. Pour autant, mon budget prévoit un ralentissement de la croissance à 15% en 2023 pour justement préserver cette marge d’Ebitda autour 12%."

Vous évoquez une politique de croissance externe limitée aux « micro-acquisitions ». Pourquoi ?

"Mon expérience et des études sérieuses montrent que la majorité des grosses opérations détruisent de la valeur. Les acquisitions resteront donc pour nous un moyen complémentaire de renforcer une position, une géographie, un métier, etc. C’est ce que nous avons fait cette année avec Ping qui opère dans la gestion d’infrastructures (12M€ de CA). Nous regardons en ce moment du côté de l’Arabie Saoudite." 

23% de rendement annuel moyen pour l’actionnaire sur 10 ans (source : société)