Le groupe avait reçu un sévère uppercut durant la crise de 2007-2008, perdant en l'espace de vingt-quatre mois le quart de son chiffre d'affaires. La reconquête fut longue et laborieuse, mais depuis 2021 ses revenus dépassent à nouveau le seuil des $2 milliards — seuil qu'il n'avait plus atteint depuis quinze ans.

Le facteur déterminant aura été l'introduction du paywall en 2011. Ce dernier aura permis aux abonnements digitaux — 41% des revenus — de progresser à rythme spectaculaire, compensant ainsi des revenus publicitaires — 26% des revenus — littéralement en chute libre, puisque divisés par trois sur la période.

Les abonnements papier — toujours 26% des revenus — affichent une étonnante résilience, quand bien même leur érosion progressive reste inévitable. Les autres activités éditoriales, sans réelle croissance depuis vingt ans, assurent le complément de revenus.

C'est donc une belle réussite pour la famille Sulzberger, notamment parce qu'elle aura eu le courage d'affirmer le positionnement libéral et progressiste du titre dans un paysage médiatique américain dans l'ensemble conservateur. 

Le New York Times évolue désormais à x30 ses profits, sur ses plus bas à six ans. Ce dégonflement de la valorisation était attendu après les excès spéculatifs de la pandémie. Celle-ci reste toutefois ancrée à des niveaux élevée, d'autant qu'historiquement le groupe ne peut retourner qu'une partie limitée de ses profits aux actionnaires.  

En 2022, le NYT a fait l'audacieuse acquisition de The Athletic. La transaction à $550 millions valorisait chaque abonné de la publication sportive à $458. La valorisation actuelle du NYT tourne elle autour de $600 par abonné.