L'entrée en bourse d'Universal Music Group, dont tout le monde parle, est enfin à l'étude chez Vivendi. De quoi relancer l'intérêt pour un titre dont le parcours récent est décevant.
Revoilà le serpent de mer de l’entrée en bourse de la filiale musicale de Vivendi. La source est suffisamment fiable pour être prise au sérieux : c’est le PDG Arnaud de Puyfontaine lui-même qui l’a annoncé ce matin lors de l’assemblée générale annuelle de la société, depuis l’Olympia à Paris. « Nous avons lancé un travail permettant de présenter au conseil de surveillance les bénéfices d'une éventuelle cotation de UMG », a-t-il précisément indiqué aux actionnaires. Le dirigeant avait déjà posé un jalon il y a près d’un an en concédant, dans les colonnes du Wall Street Journal, qu’une entrée d’UMG sur le marché était possible. Mais il est aussi capable de souffler le froid, comme lorsqu’il avait aussi douché les attentes en février dernier en précisant qu’aucun projet n’était en cours. Il s’est manifestement passé quelque chose au cours des dernières semaines et les lignes pourraient bouger assez rapidement si le marché retrouve de l’allant.
Nouvelle star de la musique
Cette fois, Vivendi est au-delà de la réflexion puisque des conseils planchent sur l’opération. En quelques années, UMG est passé du statut de cinquième roue du carrosse à pépite au sein du portefeuille. Après l’effondrement des valeurs internet en 2000/2001, l’émergence du streaming musical et des canaux de production alternatifs avaient suscité un grand mouvement de défiance à l’encontre des acteurs traditionnels du disque. Paradoxalement, ce sont ces mêmes services de streaming qui ont remis en selle UMG et consorts, en leur offrant un accès à des millions de nouveaux consommateurs et un moyen de valoriser leurs fonds de catalogue. Les accords de long terme avec les Spotify, Tencent Music, Youtube et Facebook notamment, ont rassuré les investisseurs et nettement amélioré la perception de l’activité. Ce changement de paradigme trouve sa meilleure illustration dans un chiffre d’affaires 2017 en croissance de 10% à 5,673 milliards d’euros et dans un résultat opérationnel de 761 millions d’euros, en hausse de 20,6%, pour la seule division UMG. Elle pèse 45,5% du chiffre d’affaires et 77% des résultats du groupe, même s’il est vrai que la mauvaise passe de Canal+ contribue à surdimensionner cette contribution.
Le nerf de la guerre
Mais combien vaut UMG ? 10 milliards d’euros entendait-on encore il y a plusieurs mois. Jusqu’à 20 milliards d’euros aux dires du Secrétaire général de la société lors de l’assemblée générale de 2017. 15 milliards d’euros en moyenne estimaient les bureaux d’études à l’automne. Et même 39 milliards d’euros, avait lancé JP Morgan fin 2017. En 2013, Vivendi avait reçu une offre à 6,5 milliards, puis une autre à 13,5 milliards en 2015, selon plusieurs sources. Au final, la pente est clairement ascendante : la patience a parfois des vertus. A la Bourse de Paris, le titre cote près de 21,60 euros lors de la séance du 19 avril, dopé de 3,3% par la rumeur. La capitalisation dépasse ainsi légèrement le cap des 27 milliards d’euros. Vivendi cache toujours son jeu. Si l’appétit des investisseurs permet d’obtenir une valorisation dans le haut de la fourchette des rumeurs, il ne fait guère de doute qu’une IPO se dessine, car elle contribuera, a minima, à réduire la décote de holding dont pâtit le groupe. Mais si les travaux montrent que le marché n’est pas prêt à aller suffisamment haut au goût du conseil de surveillance, Vivendi aura sans doute intérêt à retarder la cotation, pour que le marché continue à fantasmer sur la division musique.
Vivendi SE regroupe plusieurs entreprises leaders dans la production de contenus, la communication et les médias :
- Groupe Canal+ : un des principaux opérateurs de télévision payante en France, au Benelux, en Pologne, Europe Centrale, Afrique et en Asie ;
- Lagardère : groupe d'éditions, de médias et de commerce de détail en zones de transport de voyageurs ;
- Studiocanal : acteur européen de premier plan en matière de production, d'acquisition, de distribution et de ventes internationales de films et de séries TV ;
- Havas : groupe de communication mondial organisé en trois unités opérationnelles qui couvrent l'ensemble des métiers du secteur (créativité, expertise média et santé/bien-être) ;
- Editis (activité en cours de cession) : deuxième groupe d'édition français et leader dans plusieurs domaines dont la littérature générale, la jeunesse, la pratique, l'illustré, la bande dessinée, l'éducation et la référence ;
- Prisma Media : leader en France de la presse magazine, de la vidéo en ligne et de l'audience digitale quotidienne ;
- Gameloft : un leader mondial des jeux vidéo sur mobile ;
- Vivendi Village : il rassemble la société internationale de billetterie See Tickets, le promoteur et détenteur de festivals Olympia Production (France), le détenteur de festivals U Live (Royaume Uni), les salles de spectacles parisiennes Olympia et le Théâtre de l'Oeuvre, les salles de cinéma et de spectacles CanalOlympia (Afrique), et l'agence de développement et de conseil en propriété intellectuelle The Copyrights Group ;
- Dailymotion : une des plus grandes plateformes d'agrégation et de diffusion de contenus vidéo au monde (plus de 350 millions d'utilisateurs uniques par mois) ;
- Group Vivendi Africa (GVA) : un opérateur de réseaux FTTH (Fiber to the home) en Afrique sub-saharienne.