Les rumeurs qui circulaient dernièrement se sont confirmées : le Crédit Agricole va jouer les actionnaires minoritaires de référence au capital de Worldline, en prenant 7% du tour de table. Les deux entreprises ont surtout échangé des formules de courtoisie et pas beaucoup d'éléments tangibles pour communiquer. "Le Groupe Worldline salue l’entrée à son capital du Crédit Agricole comme actionnaire de long-terme".

Un projet en cours

Les deux groupes travaillent déjà ensemble commercialement et sont liés, de surcroît, par un projet de partenariat stratégique dans le domaine des services de paiement aux commerçants. L'opération a été annoncée au 1er semestre 2023 avant d'être signée en juillet dernier, mais elle n'a pas encore formellement abouti, comme le suggère le conditionnel utilisé dans le communiqué de Worldline. La banque verte se fend pour sa part de commentaires bienveillants, en réaffirmant "sa confiance en son partenaire : une franchise solide, des technologies de premier plan et des capacités d’innovation reconnues, au service de ses clients".

Pas de montant

Aucun des deux acteurs n'a donné de précisions sur les éléments financiers de l'investissement, qui sortiront plus tard. Sur la base des cours récents de Worldline (13,80 EUR ce jour), l'investissement pourrait représenter quelque 260 M€, sachant que ces cours sont extrêmement faibles après une série d'avertissements. L'action Worldline a oscillé entre 9 et 85,35 EUR sur les trois dernières années ! Pour autant, les conditions de l'entrée du Crédit Agricole au capital sont inconnues : rachat de participations, ramassage au fil de l'eau ? Aucun avis de franchissement de seuil n'a encore été publié par l'AMF à l'heure où ces lignes sont écrites.

Actionnariat
Actionnariat de Worldline début 2024, sur la base des données Zonebourse, avant prise en compte du Crédit Agricole

L'actionnariat de Worldline a beaucoup évolué ces dernières années. SIX Group est devenu le principal actionnaire après l'apport au Français de sa branche services de paiement en 2018. A l'époque, il avait obtenu 27% du capital, alors qu'Atos détenait encore 51%. Depuis, Atos est sorti et SIX est descendu à 10,5%.

L'accueil positif mais prudent est aussi lié au fait que les espoirs d'une OPA sur la totalité du capital s'éloigne. Worldline reste un dossier sensible, dont deux des trois premiers actionnaires sont désormais des institutionnels français (Crédit Agricole et Bpifrance). Il est probable que Bercy ne laisserait pas un investisseur étranger y mettre son nez, ce qui limite la prime spéculative.