Genève (awp) - Les interventions sur les marchés des devises, introduits par la Banque nationale suisse (BNS) en 2009 pour faire face à la crise financière, ont fait passer les risques de changes du secteur privé à l'institut d'émission. Mais cet instrument de politique monétaire a pour effet collatéral de faire fortement varier le résultat de la banque centrale, qui ne peut dès lors pas toujours reverser des bénéfices, a prévenu le vice-président Martin Schlegel.

"Depuis 2009, les entreprises et investisseurs résidents ont de plus en plus rapatrié leurs bénéfices et couvert leurs risques de change, ce qui a accru les pressions à la hausse sur le franc. La BNS a repris une partie de ces risques en vue de maintenir la stabilité des prix", a expliqué M. Schlegel selon le texte de son discours prononcé au Centre international d'étude monétaires et bancaires (CIMB) de Genève.

Les interventions sur le marché des changes ont pour effet collatéral une fluctuation des résultats de la BNS, du fait de la taille du bilan et de l'accroissement des risques de change. En 2022, le bilan avait atteint 1000 milliards de francs suisses, soit presque une fois et demie le produit intérieur brut de la Suisse.

L'institut d'émission doit donc disposer de fonds propres suffisants pour supporter les fortes variations de ses résultats. "Actuellement, le ratio de fonds propres/total du bilan reste à un niveau bas, étant donné la forte perte enregistrée en 2022. L'accroissement des fonds propres de la BNS doit avoir la priorité sur les distributions du bénéfice", a averti celui qui pourrait succéder fin septembre au président Thomas Jordan.

Lourde perte en 2023

L'année dernière, la BNS avait ramené sa perte à 3,2 milliards de francs suisses, s'abstenant de toute distribution à la Confédération et aux cantons. En 2022, le débours avait atteint 132,5 milliards.

La gardienne du franc avait alors souligné que "cette perte rend impossible toute distribution au titre de l'exercice 2023" et que "cela vaut aussi bien pour le versement d'un dividende aux actionnaires de la BNS que pour la distribution d'un bénéfice à la Confédération et aux cantons".

"Nous avons en effet pour mandat d'assurer la stabilité des prix et non pas de générer des bénéfices", a rappelé Martin Schlegel.

Revenant sur la lutte contre l'inflation, qui a reculé à 1,0% en mars après 1,2% en février, ce dernier a souligné que les interventions sur le marché des changes ont contribué à la stabilité des prix que la BNS assimile à un taux d'inflation entre 0% et 2%.

Mais "nous ne recourons aux interventions sur le marché des changes qu'en cas de besoin", a insisté M. Schlegel.

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