Les négociants ont détourné des cargaisons de produits pétroliers russes autour de l'Afrique pour éviter la mer Rouge en raison d'un risque accru d'attaques par le groupe Houthi de Yémen, allié à l'Iran, selon des données provenant de sources de marché et de la LSEG.

La semaine dernière, le pétrolier Marlin Luanda, qui transportait du naphta russe, a été attaqué en mer Rouge par les rebelles houthis.

Depuis que l'embargo total de l'UE sur les produits pétroliers russes est entré en vigueur en février 2023, les négociants ont réacheminé les cargaisons de fioul, de gazole sous vide (VGO) et de naphta des ports russes vers l'Asie et le Moyen-Orient via la mer Rouge et le canal de Suez, qui constituent la voie maritime la plus courte.

Selon les données maritimes du LSEG, le fioul et le VGO chargés sur deux pétroliers, Nissos Christiana et Alkinoos, dans les ports russes de la Baltique, avaient fait demi-tour en Méditerranée et longeaient les côtes africaines en direction de l'Inde et de Singapour.

Un autre navire, le Minerva Zoe, chargé de fioul russe, se dirigeait vers Singapour mais a été dérouté et attend maintenant près du port sénégalais de Dakar.

Les compagnies maritimes qui contournent le cap de Bonne-Espérance pour éviter les attaques des Houthis en mer Rouge sont confrontées à des choix difficiles concernant les lieux de ravitaillement et de réapprovisionnement, ainsi qu'à des conditions de mer difficiles, selon les compagnies et les analystes.

Un pétrolier en provenance du port russe de Taman, sur la mer Noire, et transportant du gasoil sous vide se dirige vers Gibraltar, selon les données maritimes.

Un autre cargo, le Sea Senor, chargé de naphta dans le port baltique d'Ust-Luga, a déjà franchi le cap de Bonne-Espérance en direction de Singapour, selon les données du LSEG.

La plupart des pétroliers chargés en Russie se dirigent vers l'Asie par le canal de Suez. Certains d'entre eux ajoutent de nouveaux panneaux - "No link with Israel" ou "No contact Isr" - pour dissuader les attaques des Houthis, en plus des panneaux habituels "Armed guard on board" (garde armé à bord), selon les données du LSEG.

Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont lancé des frappes sur des cibles houthies au Yémen et ont réinscrit la milice sur une liste de groupes terroristes afin de tenter de mettre un terme à de futures attaques.

Les Houthis, qui contrôlent les régions les plus peuplées du Yémen, affirment que leurs attaques contre les navires en mer Rouge et autour de celle-ci sont menées en solidarité avec les Palestiniens qui participent à la guerre de Gaza. (Reportage de Reuters ; rédaction de Bernadette Baum)