Avant toutes choses, prenons le temps de jeter un œil sur l’évolution du CAC40 depuis début 2020. Notre cher indice continue d’évoluer dans la partie haute de son canal de tendance, mais semble se latéraliser depuis quelques mois. La difficulté à réaliser de nouveaux plus hauts est mise en valeur par des moyennes mobiles LT qui s'aplanissent. On ne peut pas dire que la tendance reste intacte, mais on ne peut pas encore parler de retournement.

CAC40 cours
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Figure 1 : Evolution du cours du CAC40 (PX1) depuis janvier 2020, période journalière. Zonebourse.

Chaque mois, la Banque de France déploie son enquête mensuelle de conjoncture. Cette étude reflète la situation conjoncturelle du mois précédent grâce aux réponses de 8500 dirigeants d’entreprise. Au travers de cette note, on se concentre sur le secteur industriel, qui semble avoir du mal à répondre à la demande issue de la reprise économique.

Commandes industrie

Figure 2 : Situation des carnets de commandes dans l'industrie (solde d'opinion CVS-CJO). Banque de France.

L’opinion des chefs d’entreprise du secteur industriel interrogés par la Banque de France sur l’état de leurs carnets de commandes s’améliore de nouveau légèrement après avoir retrouvé ses niveaux d’avant crises quelques mois auparavant. Cet élan d'optimisme est d’ailleurs bien supérieur à la moyenne long terme mise en valeur par la droite horizontale continue. Les carnets semblent donc bien remplis, du moins à des niveaux similaires aux plus hauts de 2019.

approvisionnement industrie

Figure 3 : Part des entreprises indiquant des difficultés d'approvisionnement - Industrie, septembre 2021 (en %, données brutes). Banque de France.

En dépit d’une forte demande sur un ensemble d’activités, les difficultés d’approvisionnement se font ressentir, en particulier dans les secteurs où la France n’a plus la maîtrise de la chaîne verticale de production. L’automobile (Stellantis, Faurecia…), les équipementiers électriques et les assembleurs de machines souffrent de leur dépendance des produits intermédiaires commandés à l’étranger ainsi que des difficultés d’approvisionnement. En bas de tableau, on retrouve l’industrie pharmaceutique (Sanofi, Ipsen…), l’agro-alimentaire (Danone, Savencia…) et l’aéronautique (Airbus, Safran...).

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Figure 4 : Solde d'opinion sur le niveau des stocks par rapport à la normale - Industrie manufacturière (solde d'opinion CVS-CJO). Banque de France.

La crise sanitaire se fait encore ressentir sur les niveaux de stocks de matières premières ainsi que ceux des produits finis. Au cours de l’année 2020, nombre d’entreprises ont écoulé ces derniers dans le but d’améliorer leur liquidité en diminuant leur besoin en fonds de roulement. Cependant, avec la reprise de l’économie, les pénuries, ainsi que les difficultés d’approvisionnement, les entreprises de l’industrie manufacturière fonctionnent à flux tendu, dans l’incapacité de reconstituer des stocks dignes de ce nom.

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Figure 5 : Solde d'opinion sur l'évolution des prix par rapport au mois précédent - Industrie manufacturière (solde d'opinion CVS-CJO). Banque de France.

Dans un enchaînement logique, les chefs d’entreprise interrogés par la Banque de France expriment leurs inquiétudes quant à la hausse des prix des matières premières et des produits finis, une hausse qui se matérialise déjà depuis plusieurs mois. A cela vient désormais s’ajouter la hausse des coûts de l’énergie et des prix de l’immobilier (Les Echos).

Une situation tendue qui semble sous contrôle

La BCE se prépare à un arrêt progressif des mesures exceptionnelles de rachat d’actifs mises en œuvre au printemps 2020. D’après certains membres du conseil, les marchés ont eu le temps d’anticiper la fin des achats nets dans le cadre du PEPP (Reuters). Dans la crainte de subir la diminution progressive des plans de soutien ainsi qu’une hausse de l’impôt d’ici 2023, les entreprises continuent de gonfler leur trésorerie. Les stocks historiquement bas ainsi que les difficultés d'approvisionnement donnent du fil à retordre aux acheteurs. Par conséquent, les variations du besoin en fonds de roulement vont inévitablement contraindre les groupes à bloquer davantage de capitaux pour les mois à venir. Les prix continuent d’exploser à la hausse (l’inflation a atteint 3.4% le mois dernier, son plus haut depuis 2008, et pourrait dépasser 4% d’ici la fin d’année), la plupart des entreprises ont des difficultés de recrutement et pourtant, tout va bien dans le meilleur des mondes ! Les banques centrales donnent une impression de maîtrise et le redressement des taux n’est pas encore à l’ordre du jour. 

La situation conjoncturelle semble donc relativement tendue. Ce ne sont pas les niveaux de dettes dont il faut s’inquiéter, mais surtout la possibilité de rentrer dans une spirale hausse des prix / hausse des salaires. En dépit de la fin d’année, qui, avec les fêtes, est généralement une période profitable pour les marchés actions, le mot d’ordre est donc la prudence.

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