Sur le front du conflit commercial, les tractations de la dernière chance entre les deux premières puissances mondiales n’ont donc pas permis d’aboutir à un accord et les nouveaux tarifs douaniers promis par Donald Trump sur 200 milliards d’importations chinoises sont ainsi entrés en vigueur le 10 mai dernier. La Chine n’a pas tardé à répliquer en annonçant de nouvelles taxes allant de 10 à 25% sur 60 milliards d’importations américaines déjà taxées, lesquelles entreront en vigueur le 1er juin. Bien qu’un sommet Trump/Xi Jinping soit prévu en marge du G20 d’Osaka les 28 et 29 juin prochains, les discussions entre les deux pays devraient finalement se poursuivre entretemps.

En Europe, la Commission européenne a de nouveau abaissé ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020 dans l’Union monétaire, à respectivement +1.2 et +1.5%, contre +1.3 et +1.6% auparavant. Bruxelles exprime ainsi ses inquiétudes face au conflit commercial, au Brexit et aux incertitudes politiques avant les élections européennes. La production industrielle allemande offre néanmoins un peu d’optimisme en progressant de +0.5% en mars, malgré les attentes d’une contraction (-0.5%).

Au Royaume-Uni, les tensions sont palpables entre Theresa May et l’opposition travailliste autour de la quête d’un compromis susceptible de dénouer l’impasse du Brexit. Plusieurs députés Tories réclament par ailleurs toujours la tête de la première ministre britannique.

Aux Etats-Unis, l’inflation confirme son coup d’arrêt en avril alors que les prix à la production (PPI) progressent de seulement +0.2% tandis que les prix à la consommation (CPI) avancent de +0.3%, contre respectivement +0.6 et +0.4% le mois précédent. Sur un an, la hausse se stabilise autour de la cible de la FED : +2.2% pour l’indicateur PPI, +2.0% pour le CPI.

En Australie, la RBA a entériné un nouveau statu quo (1.5%) malgré les attentes en faveur d’une baisse de taux, et alors que le loyer de l’argent n’a plus évolué depuis mi-2016. La banque centrale a indiqué qu’elle surveillait particulièrement le marché du travail et ses répercussions sur l’inflation. A moins d’une nouvelle baisse du taux de chômage, la RBA pourrait donc finir par assouplir sa politique.

Enfin en Nouvelle-Zélande, la RBNZ a au contraire opté pour une baisse de taux d’un quart de point (de 1.75 à 1.50%) pour la première fois depuis novembre 2016, tout en ouvrant la porte à un assouplissement supplémentaire pour contrer les conséquences négatives liées à la guerre commerciale. En conférence de presse, le gouverneur de la banque centrale Adrian Orr a particulièrement insisté sur l’importance du commerce mondial pour l’économie du pays.

Graphiquement, en données quotidiennes, l’Euro résiste mais reste coincé sous sa moyenne mobile à 50 jours. Les divergences de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique continuent de nous imposer des ventes sur rebond, avec 1.1135 et 1.10 USD comme objectifs.

Le Franc suisse profite de la hausse de la volatilité pour enregistrer quelques arbitrages en sa faveur. La paire EUR/CHF s’éloigne de ses récents points hauts mais la BNS veille au grain. En cas de retour vers 1.1159 CHF, des achats seraient opportuns.

Encore sur le point de s’installer au-delà de 112 il y a moins de 3 semaines, la paire USD/JPY subit elle aussi le phénomène de « fly to quality ». Bien qu’ils soient toujours loin de leurs plus bas niveaux annuels, les cours évoluent désormais sous 109.90 JPY, un important support qu’il faudra rapidement reconquérir pour espérer résister à davantage de momentum baissier.

Enfin l’Australie et la Nouvelle-Zélande dépendent fortement de leur commerce extérieur et en particulier de la santé de leur principal client, la Chine. Le contexte international incite la RBA et la RBNZ a adopté une rhétorique et une politique progressivement plus accommodantes, maintenant mécaniquement la pression sur leurs devises respectives. Avant de trouver l’élan nécessaire pour rebondir, l’Aussie (AUD/USD) et le Kiwi (NZD/USD) pourraient ainsi enregistrer de nouveaux points bas.