"L’année 2024 sera fondatrice pour les cryptomonnaies". C’est ce que déclare Thomas Romain, directeur du développement de la plateforme spécialisée Bitpanda, dans un entretien accordé à AOF. Ce courtier qui compte 4,3 millions de clients en Europe, et possède 5 à 10% du marché français, donne accès à plus de 3 000 actifs différents dont le Bitcoin et d’autres cryptomonnaies. Pour lui, l’écosystème crypto doit se montrer à la hauteur des attentes en devenant "à la fois plus responsable et plus entreprenant".

Qu'attendez-vous de 2024 pour le Bitcoin ?

Après l'approbation des ETF (Exchange Traded Funds) sur le Bitcoin par la SEC en janvier, qui a été une validation du système, le "halving" arrivera en avril, et à la fin de l'année nous changerons de cadre avec l'entrée en application du règlement européen Mica. L'écosystème va grandir et accueillir de nouveaux investisseurs prêts à diversifier leurs portefeuilles sur les cryptomonnaies et en particulier sur le Bitcoin. Depuis fin octobre 2023 nous avons vu arriver sur ce marché des volumes inconnus depuis 2022.

Quels sont ces nouveaux publics ?

Les courbes de prix traduisent un regain d'intérêt qui provient de tous horizons : des investisseurs échaudés par la faillite de FTX en 2022 et qui reviennent, mais aussi d'autres acteurs captivés par la montée des prix et qui veulent faire partie de l'histoire, même si c'est juste pour une diversification de portefeuille.

Des particuliers ou des professionnels ?

Notre plateforme s'adresse aux particuliers, mais certaines entreprises et certains investisseurs professionnels nous rejoignent sur un "workflow" particulier. Des sociétés de gestion se servent de notre service, et d'autres entreprises hors secteur financier nous rejoignent parce qu'elles cherchent à investir une partie de leur trésorerie.

Quelles conséquences pour les acteurs du secteur ?

Pour accueillir cette adoption de masse, l'écosystème crypto doit être à la fois plus responsable et plus entreprenant. Il s'agit d'assurer à l'investisseur que si l'investissement comporte des risques, une plateforme sûre peut apporter une certaine sérénité.

Quelle est l'échéance majeure de l'année pour le Bitcoin et les cryptomonnaies?

C'est le règlement européen sur les marchés de crypto-actifs (Markets in Crypto-Assets, ou MiCA) qui deviendra applicable au 30 décembre 2024: ce texte changera la façon dont les licences sont distribuées aux entreprises qui émettent ou donnent accès à des actifs numériques. Aujourd'hui Bitpanda est régulé et audité dans plus de 10 pays en Europe tandis qu'avec le Mica il y aura une homogénéisation avec un passeport européen, et les critères seront différents et plus exigeants.

Un autre événement est attendu entretemps…

Avec le "halving" attendu fin avril 2024, les récompenses de minage seront divisées par deux. Actuellement, elles sont d'environ 6,25 Bitcoins chaque fois qu'un nouveau Bitcoin est donné et cela descendra juste au-dessous de 3,125 Bitcoins. La rentabilité du minage sera de facto réduite, de sorte que les nouveaux Bitcoins mis en circulation seront plus rares, avec un potentiel impact sur leur prix. Sur les quatre "halvings" précédents survenus depuis 2012, des cycles ont été générés, il y a généralement eu des mouvements de prix autour de ces événements, et c'est aussi pour cela que le marché est en train de revenir.

Et l'Ethereum ?

C'est aussi une cryptomonnaie basée sur la blockchain, mais l'usage est fondamentalement différent de celui du Bitcoin, plus pragmatique sur des cas d'usage. Par exemple, tous les jetons ERC20 sont liés à blockchain Ethereum, certains sont très connus comme l'USDT. D'autre part le prix de l'Ethereum est sous-évalué comparé au Bitcoin. On imagine un ETF lié a l'Ethereum en 2024, et si cela arrive ce sera un nouveau bond en avant pour l'écosystème - et un nouveau feu vert pour faire venir plus d'investisseurs sur le marché.

Peut-on imaginer que des start-ups utilisent le Bitcoin pour leur financement d'amorçage ?

Selon moi, le Bitcoin reste un actif volatile, les montées et descentes peuvent être assez violentes, de sorte que ce ne serait pas nécessairement le meilleur actif pour assurer des fonds à des start-ups souvent en besoin de liquidités.