par Tom Balmforth

MOSCOU, 10 juin (Reuters) - Les opposants russes s'accordent à qualifier de mascarade le référendum prévu le mois prochain sur une réforme constitutionnelle qui permettrait à Vladimir Poutine de se maintenir au pouvoir, mais se divisent entre faire campagne pour le "non" ou appeler au boycott.

Les Russes seront appelés aux urnes le 1er juillet pour se prononcer sur des changements constitutionnels, parmi lesquels une disposition permettant potentiellement à Vladimir Poutine d'exercer deux sextennats présidentiels supplémentaires et non de céder sa place en 2024 comme le prévoit actuellement la Constitution russe.

Si la cote du chef du Kremlin reste élevée, à 59%, elle se situe tout de même à ses plus bas niveaux depuis son ascension à la tête du pays, en 1999, selon l'institut de sondage Levada. Et la crise sanitaire liée au coronavirus représente un des plus grands défis de ses mandats successifs.

L'issue du référendum paraît inéluctable aux yeux de ses adversaires politiques, qui divergent sur la voie à suivre.

Certains, comme l'opposant Alexeï Navalny ou le parti libéral Iabloko, ont appelé leurs partisans à s'abstenir. "Légitimer cette 'fête de Poutine' en alimentant le taux de participation revient simplement à aider le Kremlin", a déclaré l'opposante Lioubov Sobol, une alliée d'Alexeï Navalny.

Mais d'autres, comme le Parti communiste, qui généralement soutient le Kremlin sur les grandes réformes, ont appelé leurs partisans à voter contre ce projet.

Plusieurs politiciens membre de l'opposition conduisant une campagne pour le "non" et envisageant également un boycott du vote, estiment que les affiches d'information sur le scrutin sont partiales et affirment que les opposants ne se voient pas accorder de temps de parole dans les médias.

Le Kremlin présente les modifications constitutionnelles proposées comme indispensables pour renforcer le rôle du parlement et pour améliorer la politique sociale et l'administration publique, des changements qui selon lui sont largement soutenus par la population au vu des sondages.

Dans les rangs de l'opposition, cette perspective est en revanche perçue comme un coup d'Etat constitutionnel.

Les mesures envisagées pour réduire le risque de contaminations par le nouveau coronavirus, comme l'extension du vote sur sept jours et dans des tentes installées à l'extérieur des bureaux de vote, sont également considérées comme susceptible de compliquer la surveillance du scrutin et d'accroître le risque de fraude, ce que le pouvoir dément. (Avec Maria Tsvetkova version française Myriam Rivet, édité par Henri-Pierre André)