PARIS (Reuters) - Les investisseurs ont les yeux rivés sur la situation au Proche-Orient après l'attaque menée par l'Iran sur Israël, une escalade des tensions régionales faisant peser un risque sur le pétrole et les actifs risqués, estiment gérants et analystes.

L'impact de l'attaque de samedi est pour l'instant contenu sur les Bourses mondiales ainsi que sur les cours pétroliers.

"Les marchés avaient déjà intégré une forme de riposte de l'Iran, ce qui explique la faible réaction des prix", écrivent les analystes d'ING. Le baril de Brent se négocie autour des 90 dollars depuis l'attaque contre l'ambassade iranienne à Damas.

"Au-delà de cette nouvelle flambée d'incertitude, le conflit actuel entre Israël et l'Iran ne devrait pas avoir d'incidence sur l'économie mondiale", écrivent les analystes de Berenberg qui rappellent que ni la guerre dans la bande de Gaza, ni les attaques des Houthis contre les navires en mer Rouge n'ont eu un impact sur les perspectives économiques mondiales.

La crainte est celle d'une coupure du détroit d'Ormuz, par lequel transite 20 à 30% des stocks de pétrole mondiaux. "Il s'agit du principal risque à surveiller, d'autant plus que les forces iraniennes ont saisi un porte-conteneurs en eaux internationales vendredi", souligne Berenberg.

Une riposte israélienne qui ciblerait les infrastructures énergétiques iraniennes est aussi un risque, l'Iran produisant environ 3,03 millions de barils par jour (mbj) de brut en décembre, selon les chiffres de l'Opep, contre 24,85 mbj pour le reste du cartel.

Pour autant, ING rappelle que l'Opep+ dispose encore de 5 mbj de capacité non utilisée, et que les Etats-Unis pourront libérer des stocks de brut de leur réserve stratégique en cas de tensions sur les prix, ce qui devrait limiter les risques liés à l'offre.

L'indicateur VIX, la "jauge de la peur" à Wall Street, a rebondi vendredi au dessus des 17 points, un plus haut depuis octobre 2023, alors que les investisseurs se réfugiaient dans des actifs sûrs dans l'attente de la riposte de l'Iran.

L'or a touché un record vendredi à 2.431,29 dollars l'once, tandis que le dollar a affiché sa meilleure progression hebdomadaire depuis septembre 2022, gagnant 1,6%.

Les souverains ont également rebondi, le rendement des Treasuries à 10 ans déclinant d'environ 9 pb, ce alors que les marchés anticipent une politique monétaire plus durablement restrictive aux Etats-Unis.

Une aggravation des tensions soutiendrait ces actifs, ainsi que d'autres positionnements défensifs: les actions suisses ou japonaises, le franc suisse, les actions du secteur de la défense pourraient bien se comporter.

A l'inverse, les marchés boursiers régionaux pourraient être plus volatils et se voir infliger une prime de risque géopolitique, souligne John Plassard, directeur chez Mirabaud.

Les devises des pays directement impliqués pourraient aussi être touchées, tandis que les cryptomonnaies pourraient continuer à corriger, le bitcoin ayant chuté après l'attaque iranienne.

"Rappelons ici que l'histoire récente nous a montré que les cryptomonnaies agissaient comme des actifs risqués", conclut John Plassard.

 

(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)