Pour commencer, j’ai une bonne nouvelle, vous n’avez pas (encore) besoin d’un casque de réalité augmentée pour lire cet article. Fort heureusement, il ne semblerait pas que ce soit pour demain la veille. Avec Omniverse, Nvidia a créé une plateforme permettant aux joueurs, concepteurs et ingénieurs de créer en collaboration des mondes virtuels. La société estime être prête pour que tout un chacun puisse créer des mondes numériques avec un niveau inédit de réalisme, de collaboration et de simulation. 

Pour faire simple, il s’agit d’une plateforme pour connecter différents mondes 3D dans un univers virtuel partagé. Le contenu peut-être créé depuis de nombreux outils et dans divers formats, ce qui implique que plus les acteurs participent, plus les connecteurs additionnels vont s’empiler et se multiplier avec pour objectif ultime de donner aux créateurs la possibilité d’utiliser n’importe quel outil pour créer des environnements sur la plateforme Omniverse. Pour ce faire, Nvidia peut compter sur des développeurs dont la qualité de leurs services n’est plus à démontrer :

Développeur Ecosystème de l'Omniverse
Source : Nvidia

A titre d’exemple, le format Pixar Universal Scene Description (USD) qui est désormais open source (c’est-à-dire un logiciel libre que les utilisateurs peuvent utiliser et modifier) est un élément fondamental de l’Omniverse. Ce mécanisme permet notamment de créer, fusionner et manipuler des données facilement et en toute sécurité. l’USD est le fruit de décennies de développements et d’expérimentations chez Pixar. Les développeurs et ingénieurs informatiques sont unanimes : la solution apportée est historique. Il s’agit de permettre aux créateurs du monde entier de collaborer sur des scènes 3D d’une manière similaire au travail sur un document partagé dans le Cloud (une sorte de Google Doc mais version création d’univers 3D).
 

Création communautaire
Source : Nvidia

Plutôt que de détailler la liste interminable des technologies qui sont, comme vous le devinez, très pointues, découvrons deux cas concrets d’utilisation de la solution apportée par Omniverse. Une solution appelée “jumeau numérique”, autrement dit, la réplication d’un lieu, d’une zone géographique ou d’une infrastructure est désormais expérimentée.

Ericsson : créer des versions virtuelles des villes

La densité croissante du réseau urbain pour les constructions 5G est un problème urgent pour les opérateurs de télécommunications du monde entier. La solution apportée par Nvidia a su séduire la société suédoise. Omniverse a la capacité de répliquer une ville virtuellement et permet donc de déterminer le placement idéal des antennes 5G pour Ericsson. Pour faire simple, la plateforme permet d’avoir des représentations précises de la qualité du signal 5G à chaque point de la ville en temps réel. Il est alors possible d’expérimenter les produits de télécommunication de manière interactive et instantanée virtuellement. 

Modélisation de flux cellulaires
Source : Nvidia

Ericsson construit des jumeaux numériques à l'échelle d’une ville pour aider à simuler avec précision l'interaction entre les cellules 5G et l'environnement afin d'afficher les performances et la couverture réseau maximale. Le déploiement des réseaux 5G crée de nouveaux défis. Les millions de microcellules et de tours à déployer dans le monde par les opérateurs de réseau au cours des cinq prochaines années ne sera pas une mince affaire. L’Omniverse de Nvidia pourrait être potentiellement une solution.

BMW : La simulation des opérations de fabrication

L’usine de Ratisbonne en Allemagne dispose désormais d’un jumeau numérique entièrement fonctionnel et capable de simuler une production à grande échelle.

Améliorer la qualité des produits, réduire les coûts de fabrication et les temps d’arrêt imprévus tout en augmentant la production et en garantissant la sécurité des travailleurs sont des objectifs pour BMW à travers ce jumeau numérique. Celui-ci permet une plus grande adaptabilité pour reconfigurer rapidement les usines et établir différents scénarios virtuellement. A l’occasion de la conférence GTC de Nvidia, en novembre 2021, la société allemande a expliqué avoir simulé des instructions de commande pour les ouvriers de plus de 30 usines de son réseau de production. Résultat, une réduction du temps de planification de la production de 30%. 

“Dans la vision de BMW de l'usine du futur, les humains et les robots travaillent ensemble, les ingénieurs impliqués dans toutes les étapes de la conception de l'usine collaborent dans un espace virtuel partagé” Jensen Huang, CEO de Nvidia. 

Le grand avantage du metaverse de Nvidia est la possibilité de générer et de collaborer dans un monde virtuel avec de nombreuses entrées et systèmes de visualisation (y compris VR et AR). La fabrication, les jeux, les flux de travail cinématographiques que nous voyons seront probablement inestimables, et osons le dire, banales à l'avenir, du moins dans la sphère industrielle et commerciale. Avec le passage généralisé aux systèmes de stockage à semi-conducteurs associés à une mise en réseau de plus en plus performante, le déplacement des données autour d'une infrastructure n'est plus le facteur limitant. 

Nvidia : une croissance explosive

Les investisseurs ont eu tendance à bouder les sociétés technologiques à forte croissance ces derniers jours avec en toile de fond la crainte de la hausse des taux d'intérêts. En effet, de manière générale les sociétés à forte croissance ont tendance à être vulnérables à la hausse des taux car leur valeur dépend majoritairement des bénéfices futurs. Concernant la société californienne, la croissance moyenne de quasiment 60% de ses revenus au cours des huit  derniers trimestres lui permet d’être un des titres les plus chouchoutés par les investisseurs. L’activité exercée par l’entreprise est particulièrement rentable, ce qui lui permet de dégager des marges élevées et par conséquent une situation financière excellente. Le consensus des analystes est d’ailleurs majoritairement à la hausse concernant l’évolution du chiffre d’affaires et des bénéfices nets par action.

En revanche, la valorisation du groupe en termes de multiples de résultat apparaît très élevée. En effet, l'entreprise se paye actuellement 76.83 fois son bénéfice net par action anticipé pour l'exercice en cours et le ratio "valeur d'entreprise sur chiffre d'affaires" de la société la situe parmi les sociétés les plus chères à l'échelle mondiale.

Source : Zonebourse

Nvidia est un fournisseur de composants clés pour toutes technologies liées de près ou de loin à l'intelligence artificielle, la modélisation 3D, à la robotique, l’internet des objets et même pour le minage de cryptomonnaies. La plateforme Omniverse s’inscrit complètement dans les préoccupations technologiques du moment. Un grand nombre de majors de la tech semble se lancer à grands coups de milliards de dollars dans l’univers metaverse et nous avons fort à parier que, si la crème monte, Nvidia sera un acteur phare du secteur.
 

Un peu plus haut, je vous parlais de “jumeau numérique”. Si nous nous sommes cantonnés à l’échelle d’une zone géographique pour Ericsson, et à une infrastructure pour BMW, la société californienne a tout de même créé une jumelle de notre belle planète. Je vous propose une escape numérique en guise de conclusion : 

Pour découvrir d'autres acteurs, parfois moins valorisés, retrouvez nos deux listes thématiques :

Liste thématique : Semi-conducteurs

Liste thématique : Métavers