par Carl O'Donnell et Ransdell Pierson

NEW YORK, 22 août (Reuters) - L'acquisition de Medivation par Pfizer pour 14 milliards de dollars (12,4 milliards d'euros) moyennant une prime très généreuse, la plus importante survenue dans le secteur des biotechnologies cette année, pourrait faire des émules, de l'avis des investisseurs.

Lundi sur le Nasdaq, les actions d'Incyte et de Seattle Genetics ont gagné jusqu'à 11% et 4% respectivement. Ces deux biotechs, aux capitalisation de 15,4 et 6,7 milliards de dollars respectivement, recherchent des traitements du cancer innovants et, tout comme Medivation, produisent déjà un bon chiffre d'affaires.

Pour les autres groupes pharmaceutiques qui avaient des vues sur Medivation, à savoir Sanofi, Merck, Celgene et Gilead Sciences, de telles cibles représenteraient plus qu'un lot de consolation.

Les grands laboratoires se ruent sur l'oncologie parce que ce segment promet d'être parmi les principaux contributeurs à la croissance de leur chiffre d'affaires dans les cinq années à venir, selon le cabinet comptable Ernst & Young.

Les maladies rares sont également un vecteur de croissance prometteur pour des pharmaciens soumis à la concurrence féroce des génériques et à cet égard l'action de la biotech BioMarin Pharmaceutical, à la capitalisation de 16,7 milliards de dollars, a gagné jusqu'à 7% sur des spéculations d'OPA.

L'achat de Medivation par Pfizer pour 81,50 dollars par action donne une prime de près de 120% sur le cours de clôture de Medivation avant que Reuters eut rapporté, le 30 mars, que la biotech travaillait avec la banque JPMorgan Chase pour étudier diverses démarches de fusion.

L'opération valorise Medivation 17,9 fois son chiffre d'affaires contre une moyenne de 12,8 pour les opérations de ce secteur des huit dernières années, selon une étude de BMO Capital Markets.

Elle pourrait relancer les tentatives d'alliance qui se sont faites extrêmement rares dans le secteur des biotechs depuis que l'indice sectoriel du Nasdaq a plongé de plus de 30% à la fin de l'an passé, en raison essentiellement des pressions exercées sur les prix pour des motifs politiques.

Les opérations de fusion et acquisition dans le secteur des sciences de la vie ont chuté de 64% depuis le début de l'année, par rapport à la période comparable de 2015, d'après des données de Thomson Reuters.

Cela pourrait changer, les conseils d'administration des biotechs de taille moyenne étant susceptibles d'être séduits par la perspective de primes juteuses, soulignent les analystes, les banquiers et les investisseurs.

"Au vu de la rareté des sociétés de moyennes capitalisations dans les biotechs, nous pensons que celles qui restent encore pourraient susciter de plus en plus d'intérêt car les grands laboratoires voient dans les biotechs une source de croissance", observe Do Kim, analyste de BMO Capital Markets, dans l'étude.

Il cite comme cibles en puissance Vertex Pharmaceuticals , Alexion Pharmaceuticals, Neurocrine Biosciences et Intercept Pharmaceuticals. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)