Zurich (awp) - Le fabricant de lingerie Calida a fait le ménage dans ses activités, l'obligeant à inscrire une importante dépréciation sur sa marque américaine Cosabella et à cesser l'activité de son portail onmyskin.com. S'ajoute à cela un moral des consommateurs en berne, qui devrait faire passer cette année le résultat de la société dans le rouge.

Acquise l'année dernière, la performance commerciale de la marque de lingerie premium Cosabella "demeure clairement inférieure aux projections", amenant Calida à effectuer une dépréciation de 33 à 43 millions de francs suisses, a-t-il annoncé mardi dans un communiqué. Des coûts supplémentaires de 6 millions ont également été inscrits dans ce contexte.

Le groupe va par ailleurs cesser les activités déficitaires du portail de commerce en ligne onmyskin.com, supprimant au passage une vingtaine d'emplois et occasionnant des coûts supplémentaires de 3 millions. "Diverses options" sont étudiées pour la vente du site. Parallèlement, la société veut renforcer sa présence sur internet avec les marques de lingerie Calida, Aubade et Cosabella, ainsi que celle de mobilier de jardin Lafuma Mobilier.

La cession d'Erlich Textil, une marque allemande de sous-vêtements rachetée en février 2022, doit quant à elle être achevée au dernier trimestre de l'année en cours. Cette séparation avait été annoncée en juin, avec à la clé un correctif de valeur de 23 à 25 millions. Calida avait alors expliqué que les performances de la société n'avaient pas répondu aux attentes. "Nous évaluons toutes les options, y compris une vente à la direction", a indiqué le président exécutif Felix Sulzberger lors d'une téléconférence.

Face à ces difficultés et en raison de la morosité du climat de consommation, la direction anticipe de clôturer 2023 sur un chiffre d'affaires et un résultat d'exploitation (Ebit) des activités poursuivies en baisse, hors coûts exceptionnels.

Au total, Calida va enregistrer des charges uniques de 61 à 71 millions de francs suisses, dont seulement 5 millions auront un effet sur la trésorerie, et terminer l'année sur une perte nette. L'entreprise avait déjà bouclé le premier semestre sur une perte nette de 15,1 millions, imputable notamment aux corrections de valeurs et aux provisions liées à la cession d'Erlich Textil.

Les investisseurs pas convaincus

Les mesures prises par la direction devraient déployer leur effet dès l'exercice suivant. D'ici 2026, l'entreprise vise toujours une marge Ebit de 10%, contre 5,1% sur les six premiers mois de 2023. Le groupe veut également continuer à reverser au moins la moitié du flux de trésorerie disponible à ses actionnaires.

L'administrateur Eric Sibbern, pourtant seulement élu au conseil d'administration en avril dernier, a décidé de quitter l'organe de surveillance pour se concentrer sur ses activités auprès de Veraison Capital qu'il représentait dans l'organe de surveillance de Calida. Le fonds d'investissement détient près de 10% du groupe de Sursee.

Calida avait déjà enregistré en mars la défection de son directeur général Timo Schmidt-Eisenhart, parti fin juin et remplacé à titre intérimaire par le président Felix Sulzberger.

"Avec son nouveau point sur la stratégie, la société se concentre sur son coeur de métier, ce qui fait sens", ont applaudi les expert de Vontobel dans un commentaire, avertissant cependant que cela faisait suite à "une importante destruction de valeur pour les actionnaires" l'année dernière. "La confiance dans la nouvelle stratégie doit d'abord être rétablie", ont-ils ajouté.

A la Bourse suisse, les investisseurs étaient visiblement refroidis par ces nouvelles. Le titre reculait de 0,3% à 30,05 francs suisses, à contre-tendance d'un indice SPI en hausse de 0,23% vers 14h17.

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