Si son chiffre d'affaires et son profit restent stables sur les neuf premiers mois de l'année, le troisième trimestre ressemble à une première sortie de route : les livraisons de nouveaux véhicules baissent de 20%, et le profit d'exploitation de 37%.

Même correction sur l'activité de financement, avec une remontée des taux qui entraîne une contraction de la marge d'intérêt nette, et par extension une baisse de 27% du profit d'exploitation de la filiale. Le management prévient que les conditions actuelles refroidissent les ardeurs de ses clients potentiels, même parmi ceux avec de bons scores de crédit.

Il sera donc intéressant d'observer si ce troisième trimestre 2023 marque un point d'inflexion vers un début de récession. Le marché, lui, a déjà les idées bien arrêtées puisque le titre s'échange sur ses ratios de valorisation les plus bas à dix ans.

A ce sujet, il est tout à fait inhabituel qu'une entreprise qui conjugue tant de qualités — extraordinaire loyauté des clients à la marque, rentabilité des capitaux propres de 30%, pricing power — s'échange à moins de six fois ses profits. 

Il est vrai que l'année 2022 fut particulièrement bonne — réouvertures post-pandémie oblige — et que les investisseurs désespèrent de voir Harley générer de la croissance. Le groupe, on le signale, réalisera cette année un chiffre d'affaires exactement semblable à celui d'il y a vingt ans.

De plus, même s'ils ont jusque-là été compensés par des hausses de prix, ses volumes de ventes ne cessent de diminuer , tandis que la qualité de son portefeuille de crédits reste bien sûr sujette à caution ; ce ne serait pas la première fois qu'une série de défauts mettrait Harley en difficulté.  

Authentique "cannibale", le groupe a massivement racheté ses propres actions — on n'en attendrait pas moins d'une activité profitable mais mature, sans réelle possibilité d'expansion supplémentaire. Le nombre de titres en circulation a ainsi été réduit de moitié en vingt ans, sans toutefois produire l'effet escompté sur le profit par action, qui continue d'osciller autour d'une moyenne de $3.

Un retour sur le plancher "technique" de $20 par action — touché trois fois en trente ans — pourrait toutefois représenter une opportunité intéressante.