Conjugué à d'autres signaux, cet élément pointe vers un net ralentissement de l'activité économique mondiale. Pour les observateurs, l'industrie chimique est en effet le traditionnel "canari dans la mine" de la conjoncture. 

Il y a six ans, Lanxess justifiait l'acquisition de Chemtura par l'accès privilégié au marché américain que cette dernière lui conférait. Elle devait aussi positionner le groupe sur des secteurs de spécialité, plus lucratifs et moins capitalistiques, comme par exemple les produits retardateurs d'incendie.

Il s'agissait de renouer avec la croissance après une décennie de stagnation, et d'enfin réaliser de meilleures marges. Nombreux y avaient cru, y compris Berkshire Hathaway — pourtant pas friand de l'industrie chimique — qui avait pris une participation de 3% dans le groupe allemand.

Avec le recul, les belles promesses n'ont pas tenu. Hors exercice 2022 marqué par des hausses de prix liées aux chaînes d'apprivoisement perturbées par la pandémie, la croissance patine et les marges se sont compressées plutôt qu'améliorées. 

Surtout, la génération de cash est devenue piteuse, avec un free cash-flow moyen de €100 millions par an depuis 2017, soit une nette détérioration par rapport à la moyenne de la première partie du cycle. La conséquence, c'est une rentabilité des capitaux propres tout à fait anémique, malgré un levier financier qui n'a fait qu'aller en s'accroissant depuis dix ans. En somme : le pire des deux mondes.

Les mauvaises langues rappelleront que les Etats-Unis restent un cimetière d'illusions perdues pour les groupes allemands qui s'y aventurent. Bayer — ancienne maison-mère de Lanxess — a sans doute eu le loisir de méditer cette règle lorsqu'il digérait l'acquisition compliquée de Monsanto. 

Il existe cependant des exceptions — comme Deutsche Telekom, discuté dans cette colonne aujourd'hui même