Depuis que je travaille sur les sociétés cotées, ce qui commence à faire un peu plus de deux décennies, les investisseurs particuliers se prennent régulièrement de passion pour les entreprises en difficultés qui annoncent qu'elles vont remettre les choses à plat et repartir de l'avant. Après tout c'est logique : les sociétés qui touchent le fond et qui promettent de rebondir sont censées passer d'une valorisation déprimée à une valorisation normale, synonyme de forte hausse de leurs titres en bourse. Ce calcul est souvent renforcé par des biais psychologiques comme le faible prix d'origine des actions, qui suscite des raisonnements du type "au point ou ça en est, ça ne peut pas descendre beaucoup plus bas".

C'est toujours, ou presque, une mauvaise idée. Revenons à Latécoère. La société est un équipementier aéronautique reconnu, qui bénéficie d'un patronyme prestigieux et qui est censé profiter du sillage de son illustre client toulousain, Airbus. Mais en bourse, c'est une tannée. Le groupe a traversé plusieurs passes difficiles, qui se sont soldées par des restructurations financières lourdes. Chacune d'entre elles était censée être la dernière sur la voie du redressement. La première remonte à 2008, la seconde en 2010, la troisième en 2014, la quatrième en 2020. Le groupe a annoncé dans son communiqué de vendredi que "des discussions en cours avec les parties prenantes pour reconfigurer la structure du capital", après un nouvel exercice de pertes. Dans ces configurations et comme c'est le cas depuis le début, ce sont les actionnaires qui paient les pots cassés. Surtout ceux qui croient faire une bonne affaire en se positionnant au plancher. Ces dossiers sont à proscrire pour l'investissement fondamental, car il y a beaucoup de casse et très peu de réussites.

En prenant un peu de recul, je peux vous citer pas mal d'entreprises qui sont dans la spirale de la restructuration-redressement. Cela ne signifie pas qu'elles n'ont pas de sursauts. Mais il faut être rudement pointu pour être dans le bon timing. Pour vous convaincre, voici les parcours boursiers de cinq dossiers qui cochent les cases précédentes : Solocal, Vallourec, Technicolor (renommé Vantiva) ou CGG. Plus Latécoère. En gris, l'indice CAC Allshares de la Bourse de Paris.

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Attention au timing